Richard Sauvervald (SCO Volley) : “Je suis un entraîneur différent en fonction du public”
#LesIndispensables - 08 mars 2017
#ParolesDeCoach. Entre la connaissance pointue de sa discipline, la planification d’un projet de jeu global, ou l’indispensable gestion humaine et émotionnelle – sans compter les innombrables décisions à prendre pour tenter d’influencer (positivement !) le cours des choses à court et long termes – l’entraîneur est bien souvent un être fascinant à observer, toujours passionnant à écouter. Ses mots sont cruciaux, car ils sont à la base de son action, à savoir faire passer des messages, des consignes, une méthode. En les rencontrant dans leur cadre de travail et en leur donnant la parole, cette rubrique tentera de partager la philosophie des coachs de nos équipes angevines. Premier épisode avec Richard Sauvervald, 36 ans, entraîneur au SCO Volley en charge, entre autres, de l’équipe première féminine, promue cette saison en Nationale 3 et à nouveau en course pour jouer la montée.
Par Valentin_Deudon
Un rôle technique global au sein d’un club qui défend un projet à long terme
“Je coache l’équipe première féminine, mais je suis aussi responsable de tout le secteur jeunes, garçons et filles. C’est-à-dire de l’encadrement des licencié(e)s toutes catégories. J’ai aussi comme mission prioritaire la formation de nos éducateurs, avec l’objectif d’inculquer des références communes à tous les étages, de mettre en place des liens et une communication entre les équipes. Ce poste assez large n’existait pas lorsque je suis arrivé au SCO, en août 2015. Il témoigne de la volonté du club de construire un projet sur le long terme à l’échelle de l’ensemble de la structure, et c’est ce qui m’a intéressé. Je ne suis pas un entraîneur qui arrive dans un club et s’occupe de sa catégorie uniquement. Avant Angers, j’ai passé 5 ans à Coutances, une petite ville de la Manche, et je commençais à atteindre certaines limites. Ici, au-delà du club, la ville offre de belles perspectives. Je suis parti de plus bas qu’auparavant, mais je vais pouvoir emmener le club plus haut”.
Auprès des jeunes ou avec l’équipe seniors, une méthode et un coaching qui diffèrent
“La philosophie de travail avec les jeunes n’est pas la même qu’en seniors. Je suis 2 personnes différentes en fonction du public ! Mon rôle de formateur avec les jeunes me pousse à suivre une méthode, à dicter mes contenus et ma façon de faire de manière rigoureuse. C’est en les suivant qu’ils vont progresser et atteindre leur potentiel maximal. En seniors, c’est plus participatif. Je ne suis qu’un pion de l’ensemble : on discute et on décide, on s’adapte aux filles qui sont plus autonomes. Car leur expérience des situations et leur ressenti m’apportent beaucoup dans la réflexion. L’autre différence fondamentale se situe sur les temps de match. En jeune, je m’en fous de gagner ou perdre un point, un match. L’intérêt, c’est de savoir pourquoi. Seul le contenu est important. En senior, on est plus dans la recherche de l’efficacité d’abord, chaque point a un impact. Et on travaille la semaine par rapport à une stratégie que l’on va mettre en place le week-end pour gagner”.
“Je forme des joueuses qui savent tout faire”
Donner toutes les armes possibles à son équipe, pour s’adapter et surprendre
“Au volley, soit tu imposes un jeu d’attaque, soit tu décides de t’adapter à l’adversaire. Les joueuses tournent sur 6 postes, donc on se retrouve avec des positions plus ou moins fortes au fil d’un match, suivant qui les occupe. Au-delà du caractère et de l’aspect combatif qui sont à la base de ce que je demande, il existe ensuite différentes adaptations tactiques pour gêner l’adversaire, des passages aussi où il faut lutter et accepter de prendre des points… Je suis un entraîneur qui aime que mon équipe sache tout faire, qu’elle dispose de plusieurs armes possibles et qu’elle sache s’adapter, les utiliser à bon escient en fonction de la situation. Je forme grâce à l’entraînement des joueuses selon cette idée. Il s’agit plus d’atténuer leurs points faibles que d’optimiser leurs points forts, pour les rendre plus complètes, plus polyvalentes, et donc plus surprenantes pour l’adversaire. Et ainsi atténuer l’effet des rotations de poste sur le rendement de l’équipe”.
L’importance de la communication et de la dimension psychologique en volley
“L’absence de duel direct est compensé par la dimension psychologique. Se réunir, faire du bruit, crier après chaque point a son importance… soit pour continuer à mettre la tête sous l’eau de l’adversaire, soit pour se reconcentrer en cas de dynamique négative. Il n’est pas rare que des matchs basculent sur un point particulièrement disputé, sur un déclic mental. Pendant le jeu, la communication est omniprésente, primordiale même, pour se donner les infos et s’aider. Hors temps de jeu, j’aime aussi provoquer la discussion. Elle est d’autant plus intéressante avec des filles, qui sont plus dans le questionnement. Je leur dis toujours : “On a le droit de ne pas être d’accord, mais on n’a pas le droit de ne pas en parler”. L’échange permet souvent d’anticiper les problèmes. Cette saison, ça fonctionne bien en senior, il y a du bonheur à l’entraînement, le groupe est sain, travailleur, refuse la défaite. On veut atteindre l’objectif assumé de la montée en Nationale 2″.