Pamela Juret-Cochard (ASGA, danse sur glace) : « Mettre les patineurs en confiance »
#LesIndispensables - 12 avril 2017
#ParolesDeCoach. Entre la connaissance pointue de sa discipline, la planification d’un projet global, ou l’indispensable gestion humaine et émotionnelle – sans compter les innombrables décisions à prendre pour tenter d’influencer (positivement !) le cours des choses à court et long termes – l’entraîneur est bien souvent un être fascinant à observer, toujours passionnant à écouter. Ses mots sont cruciaux, car ils sont à la base de son action, à savoir faire passer des messages, des consignes, une méthode. En les rencontrant dans leur cadre de travail et en leur donnant la parole, cette rubrique tentera de partager la philosophie des coachs angevins. Deuxième épisode avec Pamela Juret-Cochard, 44 ans, professeure de danse sur glace à l’ASGA depuis plus de 30 ans.
Transmettre le plaisir, désamorcer la peur et donner envie d’apprendre
« Le club compte une centaine de licenciés, de 4 à 74 ans, de tous niveaux ! Le public est majoritairement féminin. La danse sur glace a du mal à attirer des garçons, qui préfèrent se diriger vers le hockey. Comme le hockey, plus on commence tôt, moins on a d’appréhensions et plus on a de chances d’atteindre un bon niveau. Le patinage n’est pas quelque chose de naturel et la glace peut sembler être un milieu hostile au premier abord. Ma première mission est donc de transmettre le plaisir de la glisse, désamorcer la peur de la chute. Contrairement au patinage artistique, il n’y a pas de sauts en danse sur glace. On travaille donc moins sur l’explosivité mais davantage sur les courbes, la souplesse, la grâce, et bien sûr patiner en rythme avec la musique ».
Aider les patineurs à construire un programme qui leur ressemble
« La danse sur glace est un sport extrêmement technique, de précision et qui demande par conséquent énormément d’heures d’entraînement pour mettre au point une belle chorégraphie. Il y a aussi un gros travail de réflexion sur chaque mouvement et leurs enchaînements. Il faut régler chaque détail et tout faire pour que les patineurs arrivent confiants en compétition. J’essaie d’encourager chacun à faire du mieux qu’il peut avec ses capacités. Chaque patineur a son vécu et des attentes différentes, donc mieux je les connais plus c’est facile pour moi de les aider à construire un programme qui leur ressemble. Cette année nous n’avons pas de couple. La danse en couple demande encore plus de travail pour les patineurs comme pour moi, sur et en dehors de la glace : ça exige une grosse préparation physique, mais aussi pratiquer la danse de salon et la danse au sol pour développer des automatismes et une vraie complicité ».
Les juges et le public, une double pression à gérer en compétition
« En compétition, ce sont des mois de travail qui sont jugés en seulement 1 ou 2 minutes (2m30 pour les plus longues chorégraphies). On n’a donc pas le droit à l’erreur, et en individuel on ne peut compter que sur soi-même. Les premières fois ça peut être violent. Il faut apprendre à gérer un gros facteur de stress dans un laps de temps très court. Il y a une double pression : celle des juges d’abord, mais aussi celle du public. Pour les calmer et les aider à se concentrer, je conseille aux patineurs de visualiser mentalement la piste et leur chorégraphie avant de monter sur la glace. J’essaie de détendre l’atmosphère et dédramatiser le plus possible la situation. Pour les plus jeunes je suis comme une seconde maman ! Je leur explique que les juges ne sont pas là pour les sanctionner mais pour voir ce qu’ils sont capables de faire. Une grande partie de la note est basée sur des critères techniques très précis. Mais le patinage est avant tout un spectacle. Il faut que les patineurs prennent du plaisir et en offrent au public. Je leur dis toujours de donner le meilleur d’eux-mêmes pour ne pas avoir de regrets. Si se présenter face à un jury est intimidant au début, ça aide ensuite à prendre confiance en soi et c’est une bonne préparation pour les présentations orales auxquelles on est confronté tout au long de la scolarité et jusque dans la vie professionnelle ».
Valoriser les performances, les victoires comme les échecs
« En cas de déception c’est parfois difficile de réconforter les patineurs. À chaud j’essaie de positiver un maximum, de relativiser. Ce n’est qu’une fois de retour à l’entraînement que l’on prend du recul et qu’on analyse ensemble les points à améliorer. Quand on se lance dans la compétition il faut être passionné et se donner du temps pour vraiment approfondir la discipline et progresser. Il faut être prêt à se lever tôt pour venir s’entraîner à 6h30 du matin, dans le froid, ou entre midi et 14h. On espère avoir des horaires moins contraignants et plus de créneaux avec la nouvelle patinoire. Mais de toute façon le patinage demande beaucoup de discipline, de sacrifices et une hygiène de vie stricte. Tous les patineurs n’en sont pas capables ou n’en ont tout simplement pas l’envie et ça se respecte. Heureusement le patinage est comme une petite famille. C’est un sport individuel mais on ressent un vrai esprit collectif lors des week-ends de compétition. Des liens se créent, et c’est chouette de voir les patineurs qui s’encouragent et qui se soutiennent en bord de glace ».
Venez découvrir la danse sur glace lors du gala annuel du club qui aura lieu le vendredi 2 juin, à partir de 19h30, à la patinoire du Haras !