« Je garde un lien très fort avec ma ville »
18 août 2017
#MadeInAngers. Il a grandi dans le quartier de la Roseraie à Angers et a touché ses premiers ballons dans le club de l’Intrépide, avant de découvrir le métier de footballeur avec le SCO, où il a été formé. Aujourd’hui à Southampton en Premier League, Sofiane Boufal entame à 23 ans une saison charnière qui doit lui faire passer un nouveau cap dans sa progression déjà bien entamée vers le très haut niveau. Avec le désir, aussi, de représenter au mieux Angers. Entretien.
Par Valentin Deudon
SA DEUXIÈME SAISON A SOUTHAMPTON : « Une étape importante pour moi »
Tu as entamé ta deuxième saison de Premier League samedi dernier au St. Mary’s Stadium de Southampton, avec une entrée en jeu à la 71ème minute contre Swansea. Comment s’est passée cette reprise ?
Il y a eu du positif et du négatif. L’équipe a réalisé un bon match, a été supérieure à l’adversaire et a su se créer beaucoup d’occasions. Malheureusement, on n’a pas su concrétiser et le match s’est terminé par un 0-0. On aurait aimé commencer par une victoire… J’espère qu’on va rectifier le tir et gagner ce week-end contre West Ham, de nouveau à domicile.
Et à titre personnel ?
Un peu déçu de démarrer remplaçant, mais c’est le choix du coach et il n’y a aucun problème. Je pense avoir fait une bonne entrée, j’ai essayé d’apporter mes qualités en percutant. Mais sans réussir à être décisif.
Ta préparation a été complète cet été, alors que tu étais arrivé au club blessé la saison dernière…
Oui, j’avais dû attendre la fin du mois d’octobre pour reprendre. Cette fois c’est différent, j’ai fait une vraie préparation. J’ai pu bien travailler, sans aucun pépin physique. Je me sens bien ! Il n’y a plus qu’à jouer, faire de bons matchs et prouver que j’ai ma place dans cette équipe.
Prêt à faire une grosse saison donc ?
C’est clair, l’objectif c’est de tout casser cette saison. Marquer, faire marquer, être régulier, continuer à travailler et à progresser. C’est une étape importante pour moi. C’est la saison qui doit me permettre de me faire connaître et de m’amener un peu plus haut. Avec la sélection marocaine aussi, ça va être assez excitant avec l’objectif de se qualifier pour la Coupe du Monde en Russie.
Samedi dernier contre Swansea lors de la 1ère journée de Premier League (© southamptonfc.com)
SON NOUVEAU COACH : « Presser haut et récupérer vite dès la perte »
Ton entraîneur a changé à l’intersaison puisque Mauricio Pellegrino a remplacé Claude Puel. La manière de jouer de l’équipe a aussi évolué ?
Chaque entraîneur a ses idées, sa vision. Dans le jeu, ce n’est pas trop différent, mais Mauricio Pellegrino insiste beaucoup sur le fait de presser haut l’adversaire dès que la situation est favorable, pour se retrouver de suite proche du but. Avec le souci aussi de récupérer le ballon le plus rapidement possible dès la perte. Ca fait partie de ses principes forts.
Et à ton poste de milieu offensif créateur, les consignes ont changé ?
On me demande toujours de jouer comme je sais faire, avec mes qualités techniques, de percussion et d’élimination. Le coach aimait bien la saison dernière que je rentre beaucoup à l’intérieur du jeu pour participer, c’est un peu différent cette saison.
C’est-à-dire ?
Avec Mauricio Pellegrino, lorsque le ballon est côté opposé à mon couloir, il me demande de rester collé à la ligne, pour étirer le bloc adverse. Et donc pouvoir bénéficier d’espace, pour jouer des un contre un ou des 2 contre un lorsque le jeu change de largeur et que je reçois le ballon. En revanche, si on construit une attaque de mon côté et qu’il y a plus de densité, là je rentre à l’intérieur.
Southampton était réputé en 2016-2017 pour sa qualité de jeu et a terminé à une belle 8ème place, avec en prime une finale de League Cup. L’équipe doit progresser dans quel domaine pour faire encore mieux ?
L’axe d’amélioration majeur, c’est l’efficacité devant le but. La saison dernière était très réussie au niveau du jeu, on faisait partie je crois des 3 ou 4 équipes de Premier League qui se sont créé le plus d’occasions. Mais la finition ne suivait pas toujours. On travaille donc en ce sens, tout en ayant gardé une continuité avec quasiment le même effectif.
Son 1er but avec les Saints lors de sa 1ère titularisation, le 26 octobre dernier en League Cup
SA PROGRESSION DEPUIS LE SCO : « Je suis devenu un athlète »
Quand tu te revois jeune joueur avec le maillot Noir et Blanc, au début des années 2010, comment analyses-tu l’évolution de ton jeu ?
Physiquement, je suis devenu une autre personne ! Je suis plus costaud, plus solide sur mes appuis, plus rapide aussi. Mon style de jeu est resté le même bien sûr, mais j’ai dû me construire athlétiquement pour m’adapter aux exigences du championnat anglais. Dans certains aspects du jeu aussi, j’ai fait des progrès.
Lesquels ?
J’ai passé un cap au LOSC en termes d’efficacité, avec plus de passes décisives et de buts. Depuis que je suis en Angleterre, j’ai beaucoup développé le côté athlétique donc, mais aussi le jeu sans ballon : faire les efforts défensifs, se replacer dans le bloc, s’arracher pour aider un coéquipier… La saison dernière a été très importante pour moi sur cet aspect-là. Le coach m’a aidé, mais c’est aussi un besoin que j’ai ressenti. C’est le haut niveau : faire le bon replacement de suite après la perte est aussi important que de donner un ballon de but. A force de voir les grands joueurs avoir ces comportements de manière automatique, on prend conscience que c’est indispensable. Si je veux aller dans un grand club, c’est nécessaire.
On sent aussi que ceux qui t’ont croisé, entraîneurs ou coéquipiers, insistent sur le fait que ton côté soliste, dribbleur, apporte désormais plus au collectif. C’est le talent qui par le travail et la compréhension du jeu se mettent au service de l’équipe…
Je pense aussi. Mes qualités naturelles, la technique, le dribble, l’élimination, servent plus à l’équipe aujourd’hui. Ca fait partie de mon cheminement de joueur, de ma progression. Tout comme la préparation invisible : l’alimentation, le sommeil, l’aspect mental… Toutes ces exigences liées au métier de footballeur et que je respecte mieux aujourd’hui. Pour mettre toutes les chances de mon côté.
Tu aimes voir des matchs, pour ton plaisir mais aussi comme source de réflexion pour ta progression ?
Je regarde énormément de foot à la télé. Je suis souvent plus attentif aux joueurs de mon poste et de mon profil, autant en Ligue 1, à l’étranger, ou dans des tops équipes européennes. J’aime les équipes qui prônent le beau jeu, en passes courtes, avec des joueurs techniques… Depuis que je suis tout petit j’aime ça, ça correspond bien à mon style de jeu.
Auteur du but de la gagne pour le SCO le 7 novembre 2014 en Ligue 2 contre Dijon, 1-0 (© Yan Luat)
SES ANNÉES ANGEVINES : « Représenter au mieux Angers et sa Dalle Angevine »
Quels souvenirs tu conserves de tes années à Angers ?
Angers, c’est la ville qui m’a tout donné ! Je n’oublierai jamais cette époque, mon quartier de la Roseraie, l’Intrépide, le SCO. Les personnes que j’ai croisées aussi, amis, dirigeants, éducateurs, coéquipiers… Que des bons souvenirs. Angers restera toujours particulier pour moi et je garde un lien très fort avec ma ville.
Tu reviens ici de temps en temps ?
Quand je peux, je viens voir ma famille et mes amis, tous les gens qui comptent pour moi. J’aime bien aussi passer au centre d’entraînement à la Baumette, c’est toujours un grand plaisir. D’autant que je suis heureux de voir que le SCO progresse bien. Cette saison, je me suis aussi fixé comme objectif de venir voir les jeunes du centre de formation.
L’occasion de leur faire passer des messages importants… Tu représentes forcément un exemple de réussite pour eux comme pour la ville.
Je le ressens et j’essaye par conséquent d’être exemplaire. La Premier League, c’est un championnat télévisé dans le monde entier, tout le monde le regarde. J’essaye à travers mes performances et mon comportement de représenter au mieux Angers et sa Dalle Angevine. Ça me tient à cœur de faire connaître les valeurs de ma ville.
Tu faisais partie du groupe lors la fameuse saison 1 de #LaDalleAngevine…
C’est vrai, c’est Oliver qui a lancé ce terme en 2012 et c’est resté. Je faisais mes débuts en pro, je l’ai vécu de l’intérieur. C’était incroyable, toutes ces situations que l’équipe arrivait à renverser sur la fin, c’était fort à vivre. La Dalle Angevine, ça représente beaucoup aujourd’hui. J’essaye vraiment de garder cette Dalle, cette envie de réussir et de tout gagner, d’être à fond à chaque moment, à l’entraînement ou en match.
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Une grosse carrière, la meilleure possible. Que mes objectifs se réalisent, progresser, jouer dans des grands clubs, sans avoir de regrets à la fin. J’ai encore beaucoup de chemin à parcourir, mais j’ai la Dalle… Vraiment j’ai cette Dalle pour y arriver, représenter au mieux Angers et rendre fier ma famille.