Perrine Rosala-Humeau : « Je n’ai que ça en tête »
16 octobre 2017
#MadeInAngers. Dimanche prochain à 10h, Perrine Rosala-Humeau sera sur la ligne de départ des championnats de France de 10 km sur route à Aubagne. L’objectif d’une saison au cours de laquelle celle qui fait partie des 5 lauréats de l’appel à projets #LaDalleAngevine a franchi des étapes importantes, entre un chrono record en septembre à Angers et sa récente sélection avec la Ligue des Pays de Loire. Interview.
Par Valentin Deudon
Objectif Aubagne le 22 octobre aux championnats de France 10 km sur route
« Je n’ai que ça en tête. C’est la première fois que je pars sur une course avec autant d’enjeu, je suis pressée de vivre ce moment. Parfois j’ai peur de ne pas être prête, mais je sais que j’ai fait ce qu’il fallait à l’entraînement ces derniers mois. La pression commence à monter… J’y ai déjà participé il y a 2 ans, mais en tant qu’outsider. Cette fois c’est différent compte tenu de mes temps cette saison. Je joue le top 5. Et dans ma tête tout est possible. Je ne vais pas changer mes habitudes, je vais me mettre dans ma bulle et une fois le coup de pistolet donné, ça va être bon, il n’y aura plus de stress, uniquement la course ».
34’22 le 17 septembre aux 10 km d’Angers, nouveau record du Maine-et-Loire
« Depuis que j’étais descendue sous les 35 minutes, j’avais ce record comme objectif mais je ne pensais pas le battre si tôt, pas ce jour-là. C’était une fierté, en plus à Angers, devant Corinne Herbreteau, tout était réuni. Le record était détenu depuis 1996 par Chryssie Girard qui avait couru en 34’33 à Morlaix, un 10 km en ligne droite et en descente. A l’époque la course était homologuée mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. C’était d’autant plus difficile de battre son chrono. Sur la ligne d’arrivée, personne ne le savait, c’est moi qui l’ai dit aux organisateurs ! ».
Avant le départ, un échauffement ritualisé et des habitudes qui rassurent
« Juste avant une course, tout est chronométré, je fais toujours la même chose. Mon échauffement débute 50 minutes avant le départ, avec un footing de 25-30 minutes, très lent. Puis je fais mes gammes, je prépare les muscles. Ensuite je retourne me changer, je mets mon équipement de course, toujours le même. Je termine par des accélérations pour bien faire monter le rythme cardiaque. Là je suis prête pour aller sur la ligne, juste avant le départ. J’ai besoin que tout se passe précisément comme ça, ça me rassure. Ce protocole fait intégralement partie de ma course ».
Pendant la course, des « fantômes » et des repères pour aller plus vite
« Je ne démarre jamais une épreuve avec la certitude de gagner, il existe toujours un doute en moi. Et tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, je sais que rien n’est joué, qu’il peut encore tout se passer. Ca me maintient en alerte. Pendant la course, je m’invente parfois des poursuivantes. J’ai l’impression qu’on me suit, qu’on va me rattraper… Ce sont des fantômes qui me poussent à accélérer. J’ai l’habitude aussi de me concentrer sur les garçons qui sont devant, j’essaie de les rattraper un par un. Au final, je n’ai pas trop le temps de penser pendant les 10 kilomètres, mais je trouve des repères qui m’aident à aller plus vite ».
« Je me rends compte que je cours de plus en plus pour les autres »
La semaine type d’entraînement d’une championne de demi-fond
« Je cours deux fois par jour, des footings tranquilles, un premier tôt le matin dès que je me réveille, et un second le soir. 2 fois une heure en moyenne. J’ai aussi 2 grosses séances par semaine avec ma coach Marie Brosselier qui m’entraîne depuis le début et avec qui j’ai une super relation. Une grosse séance, ce sont des répétitions de fractionnés courts (des 30-30 ou des 200m) et longs (des séries de 3 à 6 minutes). Plus ma course du week-end. Je pratique aussi la marche nordique, 3 fois par semaine. C’est un loisir, mais aussi un entraînement car ça me permet de travailler le haut du corps, la posture, le gainage ».
Un environnement proche bienveillant
« Mes parents ne viennent pas souvent sur les courses mais quand ils sont là c’est particulier. Une émotion positive. Ils sont très fiers, ils suivent mes performances. Mais sans être accaparants, sans me mettre la pression. Mon père, je sais qu’il regarde ça de près, mes temps, mes stats… C’est à lui que je pense dès que je franchis la ligne d’arrivée. Que ce soit la famille, les amis, ou même des personnes que je ne connais pas mais qui m’encouragent, je me rends compte que je cours de plus en plus pour les autres. Mais ça ne me monte pas à la tête. Je courrai toujours d’abord pour le plaisir ».
L’optimisation de sa performance et des petits détails
« Les séances, c’est Marie qui les prépare. Elle propose, et moi j’en fais un peu plus ! Mais elle me freine aussi. Avant le 22 octobre, j’ai accepté de réduire un peu pour ne pas accumuler trop de fatigue. Je dois comprendre que la quantité ne fait pas tout, la qualité est importante aussi. En faire moins mais mieux, travailler des détails, comme ma foulée. Avec l’accompagnement de #LaDalleAngevine, je bénéficie aussi d’un suivi médical avec PhysioKsport. Un kiné et un nutritionniste me suivent, nous avons mis des choses en place pour améliorer ma récupération et pouvoir mieux enchaîner. C’est le haut niveau, il faut avoir une réflexion sur tous les détails ».
De nouveaux objectifs après le 22 octobre, entre études et haut niveau
« Tout va se débloquer dimanche, mon résultat définira plus précisément ce que je peux projeter. Quoi qu’il arrive, je vais continuer à courir bien sûr. Je continue aussi mes études pour devenir institutrice. C’est une organisation de gérer l’entraînement, les cours, les jeudis en stage dans une école, avec le concours à passer en fin d’année scolaire. Et puis il y a l’équipe de France. Porter le maillot bleu, tout athlète en rêve. Je fais maintenant partie de la sélection de la Ligue des Pays de Loire, qui organise des rassemblements entre athlètes de la région. J’ai reçu une première convocation, c’est une reconnaissance, une étape ».