Alain Dohin, le goût des autres
#LesIndispensables - 21 novembre 2017
#LesIndispensables. Micro en main et sourire aux lèvres, c’est lui qui anime bon nombre de courses, cross ou autres trails du Maine-et-Loire. Ancien coureur de marathon et de 100 km, créateur et ex-président du club d’athlétisme de Saint-Sylvain d’Anjou, Alain Dohin est à 67 ans un peu plus que le speaker de vos courses… Portrait.
Par Valentin Deudon
Il est comme toujours l’un des premiers arrivés, au petit matin. Il salue d’une poignée de main joviale les organisateurs et quelques participants déjà sur place. Heureux d’être là, parmi les siens. Les tests sono sont validés, il prend les infos fraîches puis consulte ses fiches avec application. Dans une grosse heure maintenant, ce sera le départ. Sourire contagieux et regard bienveillant bien accrochés, il s’empare du micro et prend les commandes. Speaker, animateur, ambianceur. Appelez-le comme vous voudrez. Mais cela fait presque deux décennies qu’Alain Dohin – à raison d’une trentaine de dates par an – est présent sur les courses, cross et trails du Maine-et-Loire, pour “mettre en valeur les coureuses et les coureurs”.
Et il les connait tous sur le bout des doigts. “La veille, je travaille longtemps pour préparer la course. Je consulte des archives de presse, les temps, les records. Internet m’aide beaucoup. Je fais aussi appel à tous mes souvenirs, pour avoir des histoires à raconter et des informations à donner sur tout le monde, pas que sur les premiers”, explique celui qui au milieu des années 70 a couru le marathon en 2h32, avant de se passionner pour le 100 km ! “Je crois que j’ai eu à une époque le record du département sur la distance, sur piste”, dit-il en passant, comme si ce n’était pas grand-chose. La course et les efforts, il connait donc. Et à 67 ans, Alain continue de lacer ses baskets presque chaque matin pour 30 minutes de footing.
“Je me suis aussi aperçu que ça permettait de faire plaisir aux gens. Ce n’est tout de même pas désagréable”
Mais aujourd’hui ce sont surtout les autres qui le fascinent. “Ce qui me plait sur les courses, c’est l’ambiance, la musique, être au milieu des amis, parler des gens… Il faut que ce soit joyeux, festif et positif”. Si notre indispensable du jour a débuté dans ce rôle d’animateur un peu par hasard, dans son club d’athlétisme de Saint-Sylvain d’Anjou (l’ASSSA, créé avec des amis en 1988, qu’il a présidé durant 16 ans et dont il est encore aujourd’hui le secrétaire), il a finalement attrapé le virus. “Je ne me voyais pas faire ça. C’était d’abord pour rendre service, en remplacement. Puis on m’a demandé sur d’autres courses… Je ne pouvais pas dire non ! Je me suis aussi aperçu que ça permettait de faire plaisir aux gens. Ce n’est tout de même pas désagréable…”.
Faire exister les athlètes, voilà son moteur. “J’aime valoriser les coureurs, aller vers eux, même ceux qui viennent de loin ou que je connais peu. Je préfère être mobile au départ et à l’arrivée, pour pouvoir leur tendre le micro, qu’ils disent un petit mot. Personne n’est anonyme. On partage beaucoup, à force de se croiser des liens se créent. Et puis j’en ai vu certains évoluer vers le haut niveau”. Comme notre vice-championne de France de 10 km sur route, Perrine Rosala-Humeau, avec qui Alain Dohin va courir le duo de la Ronde de Noël (4 km environ) à La Meignanne, le 16 décembre. “Pour elle, ce sera son échauffement ! Mais c’est vraiment un honneur qu’elle me fait. Elle reste modeste, c’est un plaisir de la côtoyer”. Un tandem qui reflète bien l’importance qu’il a prise pour les athlètes. “Certains m’ont même invité à leur mariage !”.
En duo avec Perrine Rosala-Humeau à la ronde de Noël le 16 décembre à La Meignanne
On l’a compris, Alain est un peu plus que le simple speaker de vos courses, un peu plus que la mémoire vive de l’athlétisme dans le 49. C’est aussi un repère. Celui dont la présence rassure. Le genre d’homme pour qui le dernier est tout aussi important que le premier. “Parfois il faut aller animer les podiums alors que le dernier n’est pas encore arrivé… Ca me dérange, je leur dis d’attendre. J’ai toujours une médaille pour lui dans la poche. Il a autant de mérite que les autres”. Retraité de France Télécom, celui qui est souvent consulté par les organisateurs de courses pour ses bons conseils, reste aussi attentif à organiser ses week-end pour passer du temps en famille : sa femme, ses 3 enfants et ses petits-enfants, dont une petite-fille qui a couru le cross du Courrier de l’Ouest en Benjamine le 11 novembre.
Son épouse, ancienne coureuse de 800 mètres, il l’a d’ailleurs rencontrée sur les pistes à l’âge de 17 ans. “On était tous les deux licenciés au club de Saint-Barthélemy à l’époque. C’est la passion de l’athlétisme qui nous a réunis, donc elle ne peut pas m’en vouloir de partir souvent sur les courses”, nous glisse-t-il avec malice. “Elle me demande souvent si je vais continuer ça jusqu’à mes 80 ans. Je ne pense pas… C’est du plaisir, mais ce sont des journées tout de même fatigantes, je pense lever le pied à partir de 70 ans. Mais j’avais déjà dit ça avant mes 60 ans. Alors…”. Alors on espère encore le croiser le plus longtemps possible sur les courses du département.