Bruno Fouché: « Faire découvrir les sports de combat en toute sécurité »
#LesIndispensables - 03 septembre 2018
#ParolesDeCoach. À 48 ans, l’une des figures locale des arts martiaux a décidé d’arrêter définitivement la compétition pour se consacrer pleinement à son activité de coach sportif et mental. Avec Neo Coach, Bruno Fouché et son épouse se sont spécialisés dans l’accompagnement personnalisé et veulent mettre K.O. les préjugés autour des sports de combat.
Par Charles Dubré-Beduneau
Photos: Franck Potvin
Après 20 ans de compétitions et un palmarès énorme (13 titres nationaux, une 3e place aux championnats d’Europe de kung-fu 1996, 5e aux championnats du monde 1997…), vous avez décidé de raccrocher les gants pour de bon ce été. Qu’est-ce qui a motivé votre décision?
J’ai 48 ans et même si j’aime toujours autant la compétition, le corps ne répond plus comme avant. Après m’être rompu les ligaments croisés antérieurs du genou gauche l’an dernier (pour la 2e fois après 1998), j’ai dû me rendre à l’évidence et dire stop. J’ai eu la chance d’avoir une longue carrière, de faire pleins de voyages et de vivre de très belles émotions. Maintenant je vais me poser et continuer à partager mon expérience en tant que coach.
Pourtant, après 13 ans d’arrêt, vous aviez repris la compétition il y a deux ans et l’an dernier vous avez remporté le titre de champion de France (et la coupe de France) de kick-boxing en catégorie vétéran (- de 84 kg)!
Oui, la compétition me manquait trop et j’avais envie de relever ce défi. Je suis fier de l’avoir fait. En plus, la compétition se déroulait à la Halle Carpentier, à Paris (photo ci-contre), là où j’ai décroché mon premier titre de champion de France de kung-fu sanda en 1992. C’était un beau clin d’oeil. J’aurais aimé faire encore quelques compétitions mais à un moment il faut savoir écouter son corps et tourner la page.
“J’aurais aimé faire encore quelques compétitions mais à un moment il faut savoir écouter son corps et tourner la page”
Parmi tous vos voyages et tous vos titres, quels sont vos meilleurs souvenirs?
Mes sept années comme entraîneur de l’équipe de France de kung-fu ont été une super expérience, notamment le premier titre de champion du monde pour la France avec Moussa Niangan à Toronto en 2009. Il y a aussi eu la victoire en coupe du monde avec Anthony Lim en Chine et le titre de Valérie Domergue aux Jeux Mondiaux en Colombie. Avec l’équipe de France, je garde aussi de super souvenirs de stages en Iran. En tant qu’athlète, au-delà des titres et des podiums, mon premier voyage en Chine en 2001 restera ma plus belle expérience. On n’était que trois Français à participer à un gala retransmis à la télé et j’ai été le seul à gagner, et par K.O. en plus!
Dans votre carrière vous avez touché à beaucoup de différents sports de combat (kung-fu, full-contact, lutte contact, kick-boxing…). Qu’en avez vous retiré?
J’ai toujours aimé le contact, peu importe la discipline. J’avais l’envie d’apprendre et de tester de nouvelles choses. Je pense que c’est important de rester ouvert d’esprit, d’aller voir ce qui se fait ailleurs pour progresser et devenir un athlète plus complet. Les sports de combat se nourrissent les uns des autres, ça permet de travailler différentes techniques, différents muscles et de rester humble.
“C’est important de rester ouvert d’esprit, d’aller voir ce qui se fait ailleurs pour progresser, devenir un athlète plus complet, mais aussi rester humble”
Vous êtes titulaire de quatre diplômes d’Etat (sports de contact, arts martiaux chinois, métiers de la forme et perfectionnement sportif). Vous vous sentez ainsi plus légitime pour enseigner ?
Quand j’ai commencé le kung-fu à Monplaisir en 1986, les arts martiaux chinois étaient vus comme quelque chose d’un peu « mystique ». Mes professeurs n’avaient pas forcément de diplômes et les cours n’étaient pas très cadrés. Les sports de combat en général, et la boxe en particulier, souffrent encore aujourd’hui d’une mauvaise image et sont réduits à des sports violents, notamment parce que pendant longtemps il y a eu beaucoup de profs qui étaient un peu trop « bourrins » et du coup ça a dégoûté pas mal de gens. On peut être un très grand champion mais rien de garanti qu’on sera un bon professeur, surtout si on ne se forme pas correctement. Pour moi, il est important que celles et ceux qui souhaitent découvrir les sports de combat puissent le faire dans les meilleures conditions, en toute sécurité et surtout qu’ils y prennent plaisir. La boxe est accessible à toutes et tous, mais il faut y aller progressivement, avec les bonnes protections et les bons conseils.
“On peut être un très grand champion mais rien de garanti qu’on sera un bon professeur, surtout si on ne se forme pas correctement”
Est-ce pour cela qu’après avoir ouvert NeoFitness à Montreuil-Juigné en 2003 (revendu cet été), vous vous êtes spécialisés à Neo Coach depuis quatre ans maintenant avec votre épouse Anne-Sophie dans le coaching sportif et mental personnalisé?
On s’est rendu compte que de plus en plus de gens demandaient un accompagnement adapté à leur emploi du temps déjà surchargé. Nous proposons des séances soit individuelles soit collectives, mais les groupes sont limités à 8 personnes maximum. Les sessions sont courtes (45 mn) mais intenses, et se font sur rendez-vous, ce qui obligent les gens à venir. Moi j’apporte mon expérience et Anne-Sophie, qui est diplômée en sophrologie, propose des séances de yoga tonic et de Pilates. Les deux se complètent bien. D’après moi, dans les sports de combat, comme dans tous les sports individuels, la performance dépend à 50% du mental.
Neo Coach, 49 rue du Mail. Contact: www.neocoachstudio.fr