Reconversion réussie grâce au Mouv’roc
18 septembre 2018
#SportEntreprendre. Si vous avez l’habitude de faire votre footing autour de l’étang Saint-Nicolas ou du Lac-de-Maine, vous avez sans doute déjà essayé le Mouv’roc, cette structure en libre-accès autour de laquelle on peut s’étirer et faire différents exercices de renforcement musculaire. Elle a été créée il y a quatre ans par Christophe Thellier, ex-commandant de la division sportive de l’école du Génie d’Angers. Aujourd’hui, fort de ce premier essai réussi, le patron de Gomouv’ continue d’innover pour rendre l’activité physique accessible à tous, et tout le temps.
Par Charles Dubré-Beduneau
Photos: Gomouv’
Il se définit comme un « homme-orchestre ». À 56 ans, Christophe Thellier ne ménage pas ses efforts pour faire tourner sa jeune entreprise, Gomouv’. Après 32 ans de carrière dans l’Armée de Terre, notamment comme responsable des sports à l’école du Génie d’Angers, il a découvert il y a quatre ans le monde de l’entreprise. « Ça a été un choc. Je n’y étais pas du tout préparé. En tant que militaire on a un statut à part, on est privilégié. Mes premiers pas dans le civil ont été difficiles et je continue d’apprendre tous les jours. La législation française est complexe et change constamment… c’est un sacré défi de créer son entreprise! Mentalement, il faut être fort. Beaucoup abandonnent après seulement deux ou trois ans. Même après quatre ans, je n’ose toujours pas me dire que le pari est gagné », confie-t-il.
Le « couteau suisse » de la remise en forme
Pourtant, le parcours de Christophe Thellier ressemble fort à une reconversion réussie. L’idée du Mouv’roc germe dans son esprit lors de son passage au Kosovo en 2001, alors qu’il expérimente un nouveau poste, celui d’officier d’environnement humain. Sa mission est d’améliorer les conditions de vie des militaires sur place. « Je faisais du soutien psychologique, des séances de sophrologie… j’ai même réussi à faire réouvrir une ancienne station de ski à l’abandon pour des stages d’oxygénation avant le retour des soldats en France. Mais il nous manquait des structures en espace restreint pour permettre aux soldats en opération de maintenir leur condition physique. » Il imagine alors une structure compacte pouvant être utilisée par plusieurs personnes en même temps pour divers exercices de renforcement musculaire et d’étirements. « Les soldats français étaient réputés pour leur préparation cardiaque mais un peu faibles pour la musculature du dos, pourtant essentielle pour porter de lourdes charges. Avec le Mouv’roc, l’idée était de pouvoir faire en 15 minutes une séance complète de musculation du haut du corps. Une sorte de « couteau suisse » de la remise en forme », explique-t-il.
Equipement intergénérationnel et facteur de cohésion sociale
Après plusieurs prototypes, et alors que la fin de sa carrière militaire approche, il décide de se lancer. Il est sélectionné pour intégrer l’incubateur d’Angers Technopole et est accompagné dans son projet pendant un an et demi. Le premier Mouv’roc est testé au stade du Lac-de-Maine. « J’y allais tous les jours pour observer s’il était utilisé, par qui et comment. Non seulement cela semblait plaire aux hommes comme aux femmes, mais également aux jeunes comme aux personnes plus âgées. Et au-delà des simples exercices d’entretien physique, je me suis aperçu que c’est vite devenu un lieu d’échange et de renforcement du lien social », se félicite l’ancien officier. Lauréat de plusieurs prix d’innovations, il développe quatre modèles. Le plus grand (celui installé à l’entrée de l’étang Saint-Nicolas) peut accueillir jusqu’à 11 personnes en même temps et offre plus de 90 exercices via des QR codes. « La structure est accessible à tous, sportifs confirmés ou amateurs, 24h/24, 7 jours/7 et ne demande aucun entretien particulier », ajoute Christophe Thellier.
Des Mouv’roc au Danemark… et bientôt au Qatar?
Peu à peu, les établissements militaires, mais aussi les municipalités et les collectivités territoriales sont séduits par le concept. Et l’engouement dépasse désormais les frontières. Après avoir installé un premier Mouv’roc au Danemark il y a deux ans, l’invention phare de Christophe Thellier pourrait équiper certains stades d’entraînements du mondial de football 2022 au Qatar. En attendant, il ne s’arrête pas pour autant d’innover: outre la Box PPO (photo ci-dessous, un dérivé du Mouv’roc mais plus léger, démontable et transportable), il travaille actuellement avec des étudiants en BTS du lycée Chevrollier sur le Mooveex (photo ci-contre), un agrès sportif permettant de se détendre de manière efficace et rapide. Idéal par exemple pour les salariés qui souhaitent s’étirer ou évacuer le stress sur la pause du midi ou entre deux réunions. D’autant que les postes de travail devant les écrans, de plus en plus nombreux, ont une fâcheuse tendance à ramollir les muscles du maintien dorsal et abdominal et sont par conséquent responsables d’un grand nombre d’arrêt de travail. « Selon une étude américaine, un quart d’heure d’agrès par jour permet de dépoussiérer la condition physique et stimule la productivité au travail », souligne l’ancien officier. Son prochain objectif: imaginer des modules qui pourraient s’intégrer dans des maisons de retraite. Christophe Thellier insiste: « L’exercice physique ne doit pas rimer forcément avec performance, mais avant tout avec bien-être ».