#LETOP5 DES MATCHS DES DUCS AU HARAS
21 février 2019
#LeTop5. Alors que la patinoire du Haras fermera définitivement ses portes à la fin de la saison pour laisser place à une arena flambant neuve du côté de Saint-Serge (dont le nom reste encore à définir), et avant le début des play-offs, retour sur cinq soirées de hockey qui ont marqué ce lieu emblématique du sport angevin depuis son ouverture en 1982.
Par Charles DUBRÉ-BEDUNEAU (avec Hockey Archives)
1- 17 novembre 1983: premier match international
Aux débuts des années 1980, Le Haras est une des rares nouvelles patinoires en France, alors que la vague d’expansion postérieure aux Jeux Olympiques de Grenoble s’est achevée. L’équipe de France lui rend rapidement visite, avec un match contre la Yougoslavie, qui prépare ses propres JO prévus à Sarajevo trois mois plus tard. Alors que les Bleus végètent dans le groupe C mondial, l’adversaire est supérieur et oscille entre groupe B et groupe C. La France reste sur quatre défaites consécutives face aux Yougoslaves, dont la dernière la veille à Asnières. À Angers, les Français sont encore menés, 2-3, avant de renverser le score en 3e période et de finalement l’emporter (5-3) pour le premier match international au Haras. L’année suivante, le second, offrant la même opposition, sera aussi remporté par les Bleus, sur le même score.
2- 3 avril 1993: finale de Nationale 1B, match retour
L’élite française du hockey a explosé après les Jeux Olympiques d’Albertville en 1992 car il ne restait que quatre clubs valides. Angers côtoie pour la première fois quelques-uns des meilleurs clubs de l’Hexagone dans une première phase, avant une répartition par groupes de niveau. Quatre clubs accèdent à une Nationale 1A, les suivants à une Nationale 1B. Dans une finale aller-retour, les Ducs gagnent le premier match au Pays Basque (5-3) et concluent à domicile (3-2) pour s’offrir ce qui restera longtemps leur seul titre honorifique.
3- 5 mars 1996: quart de finale de Nationale 1A, match 3
La formule des play-offs de l’époque, au meilleur des cinq manches, prévoit que le mieux classé à l’issue de la saison régulière reçoive la première rencontre, avant de se déplacer deux fois chez le moins bien classé et de conclure deux fois à domicile. Cette formule est très critiquée car elle met la pression sur les favoris. Angers (7e) affronte Brest (2e). Cette série voit s’affronter deux grands gardiens Franco-Canadiens, qui se succéderont devant le filet de l’équipe de France: Michel Vallière du côté brestois (Jeux Olympiques de Lillehammer en 1994) et François Gravel du côté angevin (JO de Nagano en 1998). Angers crée la surprise en s’imposant 3-1 à Brest dans le premier match, avant de s’incliner en prolongation à domicile dans le deuxième. Dans le match 3, toujours dans la patinoire du Haras qui affiche complet, les Ducs entament le match comme des fous furieux. Rodolphe Garnier et Sylvain Beauchamp marquent deux buts en cinq minutes. Pourtant, quand Brest parvient à égaliser, on pense que le favori a repris l’ascendant… mais en moins d’une minute, Pierre Allard redonne l’avantage à Angers. Plus rien dès lors ne peut arrêter les Ducs. Même un tir de pénalité sifflé en faveur de Brest à 47 secondes de la fin n’empêche pas l’exploit. Angers prend à nouveau l’avantage dans la série et met toute la pression sur Brest avant de retourner en Bretagne pour les deux derniers matchs. Malheureusement, cette série se terminera en queue de poisson, puisque les Angevins s’inclineront nettement lors du match 4 (5-1) puis, après avoir subi une pluie de pénalités, décideront pour protester de quitter la glace à la moitié du match décisif, alors que Brest menait 5-0…
4 – 31 janvier 2007, demi-finale de la Coupe de France
Cela fait deux ans que les supporters angevins attendaient de voir évoluer les Ducs dans leur patinoire pour le compte de la Coupe de France. L’accueil fait à au capitaine Jonathan Bellemare et ses coéquipiers est à la mesure de l’attente, d’autant que ce sont les Dragons de Rouen qui se présentent face aux Angevins. C’est donc dans une ambiance retrouvée au Haras que le match commence. Les Angevins dominent le début de match et ouvre le score sur un tir dévié par Simon Lacroix. Le deuxième tiers est complètement différent. Rapidement sanctionnés, les Angevins doivent subir les nombreux assauts des attaquants rouennais et cèdent sur un revers d’Eric Doucet. La pression est forte sur le but angevin et la tension s’évacue également par des échauffourées. Des plongeons et simulations de plusieurs Rouennais coûtent quatre pénalités aux Angevins, et des huées comme le Haras n’en avait pas émis depuis longtemps à l’encontre du trio arbitral. Mais les Rouennais se heurtent à un mur, en l’occurence Ville Koivula, le gardien finlandais des Ducs.
Tout se joue donc lors du dernier tiers. Bellemare puis Rodrigue permettent aux Angevins de prendre le large. Mais Rouen parvient à réduire l’écart moins d’une minute plus tard. Rien n’est joué. Un bon jeu de Simon Lacroix permet à Tessier de temporiser et de transmettre à Bellemare, esseulé au second poteau, qui n’a plus qu’à reprendre sans contrôle et s’offrir un doublé (4-2). La fin du match permet à Koivula de devenir le héros du Haras. Les Rouennais font le pressing. D’autre part, deux pénalités successives contre Baluch et Rodrigue, alors que Sopko quitte sa cage, mettent en opposition six Rouennais face à trois Angevins. Les tirs sont nombreux et à dix secondes de la fin Koivula stoppe trois tirs successifs de Doucet, dont le dernier de la mitaine alors qu’il est couché sur la glace, ce qui lui vaut l’acclamation du Haras. Le cerbère finlandais remercie alors le public angevin en se levant la mitaine haute, en tendant le palet vers les tribunes puis en allant saluer tout le banc angevin comme s’il avait marqué un but. Cette dernière action vient définitivement mettre un terme aux espoirs rouennais. Les Ducs remporteront leur première coupe de France face à Epinal deux semaines plus tard, lors de la première finale disputée au Palais Omnisports de Paris Bercy, devant 12 215 spectateurs.
5- 9 avril 2013, finale de Ligue Magnus, match 7
Le Haras est à guichets fermés pour cette septième et ultime rencontre de la finale de Ligue Magnus face à l’ogre du hockey français, les Dragons de Rouen. Beaucoup d’émotions lors du coup d’envoi puisque, quelques heures plus tôt, le président angevin Mickaël Juret annonçait sur les réseaux sociaux la fin de carrière de Juho Jokinen. Le plus angevin des Finlandais (qui ne participe pas à cette finale à cause du nombre d’étrangers trop important dans l’effectif des Ducs) avance au centre de la patinoire, accompagné de son président. Le public ne s’y trompe pas et acclame chaleureusement le fidèle numéro 76. Même Fabrice Lhenry, le gardien des Dragons, vient lui rendre hommage (les deux hommes ont été champions de France ensemble en 2005 avec Mulhouse). Le match peut débuter et le rythme est soutenu d’entrée de jeu. La tension est palpable et un peu contre le cours du jeu, le défenseur international Jonathan Janil ouvre le score pour les Dragons. Les Angevins égalisent par Marc Bélanger mais se font de nouveau surprendre en fin de première période par Janil. Les Rouennais font même le break au deuxième tiers temps grâce à leur capitaine, l’inusable Marc-André Thinel.
Alors qu’on se dirige vers les cinq dernières minutes de la rencontre, les Angevins jettent leurs dernières forces dans la bataille et Julien Albert, après avoir gagné son duel derrière le but adverse avec l’énergie qui le caractérise, sert Marcello Ranallo qui reprend directement ; le palet passe dans un trou de souris entre les bottes de Lhenry. Le Haras recommence à y croire. Il reste à peine plus d’une minute quand le coach angevin Jay Varady demande un temps mort. Il décide de sortir Florian Hardy pour apporter un surnombre. Les Rouennais tentent plusieurs fois de marquer dans la cage vide – en vain – et enchaînent les dégagements interdits. Il reste 8 secondes à jouer: l’engagement est gagné par les Ducs, la défense angevine lance vers la cage d’un Lhenry bien gêné par Jonathan Bellemare. Le palet traîne devant la cage et Cody Campbell est le plus prompt à envoyer la rondelle au fond, arrachant l’égalisation à seulement trois secondes de la fin du temps réglementaire ! Le Haras se lève comme un seul homme et laisse exploser sa joie, bien aidé par le président Juret qui harangue la foule en délire. Mais alors que la prolongation vient à peine de commencer, Campbell est envoyé en prison pour un cinglage. Le public du Haras retient son souffle. Et ce qu’il craignait finit par arriver: en supériorité numérique, le Rouennais François-Pierre Guénette crucifie Hardy d’un tir du poignet millimétré en pleine lucarne, mettant ainsi un terme à une saison à la fois exceptionnelle pour les Ducs en terme de qualité de jeu et maudite au niveau des titres (trois défaites en autant de finale).