« Une aventure humaine extraordinaire »
07 mai 2019
#MadeInAngers. Mohamed Chair et Jean-Edouard Travert ont couru le mois dernier le mythique Marathon des Sables. Ces deux Angevins, amis depuis 25 ans, racontent comment ils ont vécu cette course unique dans le désert marocain.
Par Charles DUBRÉ-BEDUNEAU
250 km à parcourir dans le désert du Sahara en six jours et en totale autosuffisance alimentaire. Depuis 1986, le Marathon des Sables est l’une des courses les plus relevées au monde. Cette année, parmi les 783 participants de 51 nationalités sur la ligne de départ, deux Dalleux: Mohamed Chair et Jean-Edouard Travert. « On s’est lancé ce défi pour fêter nos 40 ans et nos 25 années d’amitié », racontent les deux compères. Jean-Edouard, qui fait « un ultra trail par an depuis quatre-cinq ans », avait déjà couru le Marathon des Sables en 2015. Pour Mohamed en revanche, c’était une première. « C’est une course hors-norme, à la fois très éprouvante mais dans un cadre magnifique. C’est assez surprenant de voir comment le corps arrive à s’adapter à un environnement aussi extrême. Pendant une semaine on a déconnecté complètement, on était dans notre bulle. Ça fait du bien. Le retour à la réalité a été et est encore un peu dur », confie ce dernier.
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— Emmanuel Lefort (@lefortmanu) May 4, 2019
« On a bouffé du sable ! »
S’ils s’étaient préparés physiquement, à raison de trois à quatre séances d’entraînement par semaine depuis plusieurs mois, Mohamed et Jean-Edouard s’attendaient à souffrir. Et ils n’ont pas été déçu. « On avait chacun un sac à dos de 10,5 kg avec notre nourriture lyophilisée, notre sac de couchage, la frontale, une boussole, de l’anti-venin… On prenait des pastilles de sel toutes les heures pour éviter la déshydratation. Avec les ampoules, ce sont les deux premières causes d’abandon. On se ravitaillait en eau aux check points tous les 10 km. On a eu jusqu’à 40-45 °C dans les dunes de Merzouga. On a bouffé du sable ! », lâche Mohamed avec un sourire. « Au bout d’un moment le sucré ne passait plus, donc moi j’ai fini par carburer au saucisson ! On était tout le temps en train de faire le yo-yo entre hypo et hyperglycémie. C’est une chaleur très sèche dans le désert donc on a beaucoup transpiré les deux premiers jours puis moins ensuite… Mais on buvait quand même entre dix et douze litres d’eau par jour », ajoute Jean-Edouard.
Comme toutes les grandes épreuves de ce type, les participants savent que la course se joue autant voire même davantage dans la tête que dans les jambes. « Courir dans le désert est très épuisant d’un point de vue mental car c’est beaucoup de grandes lignes droites avec juste du sable et des cailloux à perte de vue, c’est très monotone. On s’était préparé à ça », explique Jean-Edouard. « Courir à deux permet de s’entraider quand l’un des deux est moins bien. La répétition des efforts sur six jours est vraiment difficile, surtout la grande étape de 76 km. Mais on voulait absolument aller au bout ensemble et on n’a pas lâché. J’en avais quand même marre de la nourriture lyophilisée à la fin, je rêvais de frites et de chips », sourit Mohamed.
« De belles rencontres »
Au-delà du défi physique, les deux amis retiennent surtout « une aventure humaine extraordinaire. C’est un dépassement de soi mais aussi de belles rencontres. Le soir, sous la tente, on a échangé avec des Anglais, des Australiens, des Japonais… On a rencontré une Américaine qui avait été amputée d’une jambe et qui courait avec sa prothèse, un père qui courait avec son fils de 16 ans… Le participant le plus âgé avait 83 ans ! Stars de la course ou amateurs comme nous, hommes, femmes… on était tous logés à la même enseigne dans un confort très rudimentaire. L’organisation est bien rodée mais reste simple. »
Seraient-ils prêts à repartir l’année prochaine ? Mohamed et Jean-Edouard hésitent. « C’est beaucoup d’investissement personnel. On ne le regrette pas car ça vaut le coup, mais on sacrifie des moments en famille… On tient d’ailleurs à remercier nos proches de nous avoir soutenus, nos partenaires sans qui cette aventure n’aurait pas été possible (budget de 4 000 € chacun), et toutes les personnes qui nous ont envoyé des messages d’encouragement pendant la course. On souhaite à tout le monde de vivre une telle aventure. »