« Toujours déstabiliser l’athlète dans sa préparation »
#LesIndispensables - 12 juin 2019
#ParolesDeCoach. Entre la connaissance pointue de sa discipline, la planification d’un projet global, ou l’indispensable gestion humaine et émotionnelle – sans compter les innombrables décisions à prendre pour tenter d’influencer (positivement !) le cours des choses – l’entraîneur est bien souvent un être fascinant à observer, toujours passionnant à écouter. Ses mots sont cruciaux, car à la base de son action, à savoir faire passer des messages. Pour ce nouvel épisode, #LaDalleAngevine est allée à la rencontre de Fabien Aoustin, 33 ans, entraîneur angevin de l’innovante équipe de cyclisme Vital Concept – B&B Hotels. Il nous explique son rôle si particulier dans ce sport, et sa philosophie d’entraînement dans le cyclisme.
Propos recueillis par Théo BARILLER-KRINE
Un métier dans le sport, une évidence : « J’ai pris goût à l’encadrement, et au plaisir de côtoyer les jeunes »
Dès l’âge de 17 ans, Fabien souhaite transmettre sa passion pour le cyclisme. Tout d’abord, grâce à des brevets fédéraux : « J’aime transmettre, et j’ai très vite pris goût à l’encadrement de mon sport ». Mais à l’époque, le cyclisme ne lui permet pas de vivre pleinement de sa passion. En étoffant son parcours, avec une Licence STAPS (Sciences Techniques des Activités Physiques et Sportives), mais aussi avec un diplôme de Maître-Nageur-Sauveteur, Fabien ajoute plusieurs cordes à son arc et renforce sa polyvalence. Pendant un an, Fabien fréquente donc régulièrement les équipements sportifs de la Ville d’Angers, puisqu’il devient éducateur sportif, dans les piscines municipales. Originaire de Pontchâteau (44), il est également diplômé d’un diplôme universitaire de préparateur physique à Besançon, ainsi que d’un diplôme d’état en tant qu’entraîneur cycliste. À 33 ans, Fabien est aujourd’hui l’entraîneur référent d’une équipe cycliste professionnelle bretonne. Ancien entraîneur de Jérôme Pineau (l’un des membres fondateurs de l’équipe Vital Concept – B&B Hôtels), Fabien est donc sollicité dès la naissance du projet de création d’une équipe : « Sans doute mon meilleur souvenir. L’idée de construire une aventure ensemble était forcément excitante ». Plus jeune, Fabien pratique le cyclisme jusqu’en espoir. Mais il est contraint d’arrêter pour un problème de santé, à un moment charnière de la vie. La raison professionnelle le fait passer dans la peau de l’entraîneur. Sa crédibilité et son expertise sont en revanche, intactes aujourd’hui. Pour cette équipe cycliste, le calendrier est très dense : 250 jours de course sont au programme. Fabien n’a donc pas le temps de se reposer : à peine le débriefing d’une course terminée, la préparation de la suivante commence : « En cyclisme, certains coureurs sont dispatchés dans toute l’Europe, ce qui m’oblige à être en relation avec les différents entraineurs personnels de nos coureurs, et à coordonner leur préparation avec le reste de l’équipe. J’ai aussi entre trois et six coureurs dans l’équipe pro, et quatre dans l’équipe réserve à Loudéac. » Même si le centre de performance de son équipe est basé à Theix, en Bretagne, Fabien fait le choix de rester habiter dans la douceur angevine, avec sa famille : « Angers est une ville assez centrale dans l’Ouest, et comme nous avons beaucoup de coureurs par ici, c’est pratique pour se rendre sur les différents parcours d’entraînement.»
Sa philosophie : « Je suis un entraîneur très intrusif »
Entraîneur de Bryan Coquard pendant plus de quinze ans, Fabien est un entraineur très attachant : « Je suis un entraineur très intrusif. J’ai besoin de tout savoir pour réussir à travailler. On voit que la performance se joue sur des détails. Et ce sont ces petits détails qui font la différence. J’ai donc besoin de tout savoir, tout connaître, pour être au plus précis avec lui. En fonction de ses infos, je pourrais adapter mes séances. La confiance réciproque doit être appliquée. »
Les valeurs du cyclisme : « En individuel, on peut faire de belles choses. Mais en collectif, on peut faire des miracles »
Fabien attache beaucoup d’importance au professionnalisme d’un coureur : « Travail et récupération sont les mots clés pour la réussite dans le cyclisme. Le sommeil est très important. L’alternance, la continuité des efforts, la complexité, la variété à proposer aux athlètes. Il faut toujours déstabiliser l’athlète dans sa préparation, pour qu’il se réhabitue, et qu’il progresse. Pour qu’il se rétablisse plus fort. » Et quand #LaDalleAngevine lui demande si la force d’un collectif est supérieure à la performance individuelle, sa réponse est immédiate « Sur le plan individuel, certaines personnes peuvent faire de très belles choses. Mais sur le plan collectif, on peut faire des miracles. Un coureur comme Bryan Coquard est un très bon coureur, mais il devient excellent grâce à ses coéquipiers. Ses coéquipiers doivent faire le boulot pour lui. La force collective est plus importante. Quand le grand public voit que c’est le coureur X qui gagne, il ne faut pas oublier qu’il y a tout un staff derrière. Avec les assistants et les kinés qui l’ont massé la veille, les mécaniciens qui ont préparé son vélo pour qu’il n’y ait aucune erreur dessus. Les directeurs sportifs, qui ont analysé les virages, la direction du vent… Et nous, les entraîneurs, pour le préparer à arriver dans le meilleur état possible. »
Son rôle dans la formation : « Un vélodrome, nu outil indispensable pour la formation »
Fabien est aussi très impliqué dans la formation, à l’image de l’équipe réserve du VCP Loudéac, dans laquelle il encadre quatre coureurs. Alors que la Ville d’Angers souhaite investir dans un plan de mobilité durable, son avis sur la question d’un vélodrome est clair : « Pour moi, le vélodrome est un outil indispensable pour toutes les associations. Pour Angers, qui souhaite axer son développement sur les déplacements urbains à vélo, la construction d’un vélodrome serait un message fort envoyé aux amoureux du vélo. »