Valentin Deudon : “L’histoire du SCO n’avait pas encore été racontée de cette manière”
#Événement - 15 octobre 2019
#Événement. Derrière le livre officiel “Angers SCO, 100 ans en noir et blanc” (Editions Hugo Sport) réalisé par le club pour son centenaire, se cache un Dalleux de la première heure. Ancien responsable éditorial du site de #LaDalleAngevine, Valentin Deudon est l’auteur de cet ouvrage historique. Il dévoile les coulisses de son écriture.
Propos recueillis par Charles DUBRE-BEDUNEAU
Photos: Hugo Sport
Comment s’est organisé globalement ton travail d’écriture pour la réalisation du livre officiel du centenaire du SCO ?
Ce travail s’est fait dans le cadre d’un projet collectif. J’ai été sollicité au tout début de l’année 2019 par Fanny Guioullier, directrice de la communication du SCO, et Romain Méar, chargé de communication au club, qui ont assuré la coordination éditoriale du livre ; Romain Mear se chargeant aussi de recherches documentaires, de l’écriture du dernier des dix-sept chapitres, le plus contemporain, et de quelques entretiens. Ils avaient déjà une idée très précise et cohérente de l’objet souhaité, de sa structure, de son style, de ce qu’il devait dégager. Cela a facilité ma mission. Je me suis adapté à leurs demandes tout en restant très libre et autonome dans l’écriture. Une fois achevé les recherches documentaires, la collecte d’images et la rédaction des chapitres, soit vers le début du mois de juillet, c’est la maison d’édition Hugo Sport (Bertrand Pirel et Clément Ronin, ainsi que Laëtitia Kalafat pour la conception graphique) qui a pris le relais pour créer le livre.
Combien de temps de recherche et d’écriture ce livre t’a-t-il demandé ?
Cinq mois plein pendant lesquels je me suis exclusivement dédié à ce projet.
Que peut-on trouver dans ce livre ?
C’est le récit chronologique de la belle aventure de l’équipe première du SCO ; les grandes épopées et les petites histoires qui l’ont animée. Ses dirigeants clés, ses coachs marquants, ses multiples joueurs, ses essentielles périodes de doutes pendant lesquelles le club a construit je crois son identité contemporaine. Il me semble que l’histoire du SCO n’avait pas encore été racontée de cette manière.
Comment as-tu travaillé ? Comment as-tu sélectionné les périodes, les matchs ?
L’objectif initial avec Fanny et Romain a été de découper l’histoire de l’équipe première du SCO en périodes chronologiques : les grands événements, les cycles forts mais également les saisons plus délicates pendant lesquelles le club a dû se reconstruire. Il fallait ne rien omettre, être au plus juste historiquement, et tenter de dire la réalité de chaque époque. Nous sommes arrivés à dix-sept chapitres, chacun étant composé de la même structure de texte, soit un article principal sous forme de récit de la période, un encadré plus court qui éclaire sur une personnalité ou un match clé, et quelques brèves comme autant de petites infos sympas à découvrir. J’ai travaillé chapitre par chapitre, en accumulant toutes les informations, lectures et témoignages possibles, puis une fois que je me sentais assez “riche”, je passais à la phase d’écriture du chapitre en question. On retrouve aussi parfois entre deux chapitres des doubles pages d’entretien avec des grands témoins, ceux qui ont traversé les époques ou laissé une trace majeure. Au final, nous avons essayé de proposer un livre confortable, très imagé, riche en termes d’informations, avec des textes ciblés, synthétiques et sensibles invitant le lecteur à s’immerger naturellement dans l’ambiance des différentes époques.
“J’ai adoré pouvoir évoquer Hervé Bazin et sa lettre de soutien adressée à Claude Bourigault avant la finale de 1957, ou les vers de Joachim du Bellay sur la douceur angevine qu’Olivier Auriac travestira en dalle angevine quelques siècles plus tard…”
Quelles ont été tes sources ? As-tu rencontré des anciens joueurs, présidents… ?
J’ai passé beaucoup de temps aux archives départementales et municipales, des lieux incroyables qui autorisent à déterrer la vie d’avant. La presse locale d’époque a donc été une de mes sources majeures. La lecture des quelques travaux existants comme ceux d’Yves Chené, Olivier Moreau ou Pascal Kessel pour les statistiques m’a également aidé. Je me suis aussi rendu chez des personnes ayant conservé des archives personnelles ou dans de la famille d’anciens joueurs ou dirigeants. J’ai bénéficié enfin de l’aide précieuse de Thierry Lardeux et David Lecointre. Pour les besoins d’une série documentaire diffusée sur SCO TV, ils ont sillonné la France pour enregistrer des entretiens vidéos avec d’anciens joueurs du club, j’ai donc pu me nourrir de ces supports.
Es-tu tombé sur de belles surprises en plongeant dans les archives ?
Bien sûr. Sur des trésors même. Chaque archive, photo, article d’époque suscite des émotions. On s’amuse beaucoup à se rendre compte des habitudes du passé. Mais c’est aussi bouleversant de se retrouver face à certains destins. Depuis ce travail, je garde en moi une quantité de souvenirs, de footballeurs disparus, d’expressions, de scénarios de matchs, de lieux ou de visages sans nom sur des photos d’équipes en noir et blanc… Je n’ai pas vraiment le choix, je suis désormais environné par tout ça.
As-tu une période, un match favori ?
Un match m’a particulièrement marqué, j’y repense encore souvent. C’est le tout premier de l’histoire du club en professionnel, juste après la guerre, contre Nancy lors de la deuxième journée de D2, le 2 septembre 1945 au stade Bessonneau. Les visiteurs mènent très vite 2-0, mais le SCO renverse la situation et gagne finalement 3-2 grâce à un triplé de Guy Campiglia, un attaquant massif recruté à Saumur et qui finira meilleur buteur de D2 cette saison-là. J’ai adoré aussi pouvoir évoquer Hervé Bazin et sa lettre de soutien adressée à Claude Bourigault avant la finale de 1957, ou les vers de Joachim du Bellay sur la douceur angevine qu’Olivier Auriac travestira en dalle angevine quelques siècles plus tard… Et puis je garde une fascination pour Jean-Marc Guillou, comme tous ceux qui un jour ont croisé ses gestes de footballeur.
Es-tu satisfait du résultat ?
Le livre est vraiment joli, il donne il me semble envie de s’y plonger. À titre personnel, j’ai pris un plaisir immense à y participer, à apprendre cette longue histoire et à la traduire par le biais de l’écriture. Je me suis mis également une grosse exigence vis-à-vis des supporters en attente de ce récit des 100 ans de leur club. Mais satisfait, je ne pourrais l’être que si je me rends compte que les Angevines et les Angevins qui le liront, jeunes ou moins jeunes, découvrent ou redécouvrent l’histoire de leur équipe, qu’ils en tombent amoureux une deuxième fois grâce à cette lecture, qu’ils prennent plaisir à voyager dans le temps avec tous ceux qui ont construit leur club. Je le souhaite vraiment.