En confinement, les entraîneurs s’adaptent aussi
#Événement - 10 mai 2020
#Événement. Pendant cette période de confinement, de nombreux athlètes sont restés actifs, et ont notamment partagé leurs séances de sport à la maison. Prenons désormais l’autre casquette, et intéressons nous aux entraîneurs. Pour eux aussi, “adaptation” a été le maître mot de cette période. À distance, comment ont-ils maintenu la motivation de leurs licenciés ? Voici les témoignages de Maxime Baudry (Angers Natation Course), Benjamin Manceau (Angers Nautique Aviron) et Kenny Labrosse (SCO Cyclisme Angers).
Par Théo BARILLER-KRINE
Crédit Photo : Théo BK
“Maintenir le lien social avec l’ensemble du club”
Durant cette période de confinement, les appels à la lutte contre l’isolement des personnes ont été nombreux. Les clubs sportifs permettent naturellement ce lien. Rencontrer des compagnons d’effort, qui partageront vos progrès, qui vous encourageront quand vous en aurez besoin, autour de votre passion. En cyclisme, les directives nationales ont rapidement interdit sa pratique, à la différence de la course à pied. Mais les liens sont restés intacts au SCO Cyclisme (ex-Team EVAD). Kenny Labrosse, encadrant au club: “Notre discipline, aura un rôle de prescripteur encore plus important, avec l’arrivée en masse du vélo pour éviter les transports en commun. Et notamment les nouvelles voies de circulation. On échange beaucoup avec les licenciés. Que ce soit par SMS, mail, ou téléphone.” Au début, simplement pour prendre des nouvelles et s’assurer que tous les licenciés soient en bonne santé. Kenny ne voulait rien imposer pendant cette période off : “Je n’ai pas imposé de séance. Les licenciés se sont naturellement mis cette exigence. De plus, c’était une volonté de ma part, de ne pas trop embêter les coureurs avec du contenu supplémentaire. À la reprise, la fraîcheur mentale pourra faire la différence.”
Au club d’Angers Nautique Aviron, Benjamin Manceau a dynamisé la chaîne YouTube avec un contenu “#ConfinéMaisEntraîné” : “On échange par texto le plus souvent. Dès le début du confinement, nous avons lancé des entrainements quotidiens sur notre chaîne YouTube. Quelque chose d’interactif aussi, où je leur demande de m’envoyer leur résultat avec un petit selfie. Leur montrer qu’ils ne sont pas tout seuls. Ceux qui ont joué le jeu, il y a forcément un truc en plus qui s’est développé. Un lien s’est créé, renforcé. La veille du confinement, nous avons pu prêter une vingtaine de machines à ramer (ergomètres) aux licenciés du club, afin qu’ils s’entraînent chez eux.”
Entraîneur notamment de Claire Supiot, mais aussi de différentes catégories jeunes à Angers Natation, Maxime Baudry continue d’échanger avec les jeunes : “Très régulièrement on échange des textos ou des appels. Et plus récemment, on a mis en place un système de visioconférence avec tout le groupe. Tous ensemble, c’est sympa. Chacun me raconte un peu son confinement. Quelles sont les échéances à venir. De base, on a une relation de confiance avec les parents.”
Records de France, actions au profit du CHU : des séances utiles et solidaires
Que ce soit en cyclisme, en aviron, ou en natation, les séances d’entraînement sont bien différentes depuis le mardi 17 mars. Le milieu aquatique ne peut pas se dupliquer à la maison. Substituer la natation par la pratique d’autres activités n’est donc pas chose facile. En cyclisme et aviron, des appareils “home-trainer” existent, mais peuvent vite révéler le manque du grand air. Pour tous donc, des sensations qui sont différentes. “Habituellement, les séances sur ces appareils peuvent vite devenir lassantes. On a un sport qui peut paraître barbant, car il faut beaucoup s’entraîner pour performer, cinq à sept fois par semaine en temps normal”, rappelle Benjamin Manceau. Et pourtant, de véritables performances ont été réalisées : “Des records de France ont été battus. Deux personnes ont fait le marathon. Un autre a fait 100 km, soit sept heures dessus ! Une dizaine de record de France ont été battus. Même si cela bouge quotidiennement, car les gens s’ennuient, donc ils s’envoient des grosses séances. Ce qui est marrant, c’est de voir des gens extérieurs au club qui s’y sont mis, par contact d’amis, et grâce aux réseaux sociaux. De plus, il n’y avait pas cette contrainte de se déplacer et de s’équiper.”
Au SCO Cyclisme, l’initiative “Le SCO roule pour le CHU” a permis de récolter 1 000€ grâce à l’aide d’un partenaire. Kenny Labrosse est fier de cet élan de solidarité, qui a permis de rendre la pratique sportive utile pour tout le monde : “Les tout petits n’ont pas cet esprit de compétition mais ont cette envie de se dépenser. Tous les membres ont voulu concrétiser ce temps passé par une bonne action, et cela a permis de recréer du lien avec les différents bénévoles. Notamment quand certains n’avaient encore rien fait depuis le début du confinement, ils ont été motivés par cette action.”
Du côté d’Angers Natation, les séances étaient quotidiennes et variées : “Depuis le début du confinement, ils ont une semaine type, avec le dimanche en repos quand même. Des séances variées : PPG de base, une course à pied, stretching… Mais aussi des jeux ludiques, qui plaisent beaucoup”.
Quel bilan tirer de ce confinement ?
Depuis le premier jour, Maxime Baudry fait ce bilan : “Les bassins me manquent énormément. Dès la première journée. Ce qui me manque le plus, ce n’est même pas le bassin, mais le contact et l’échange avec les nageurs. Cet environnement.” L’ouverture des piscines n’est malheureusement pas au programme du fameux 11 mai. Mais l’habitué du bassin de Jean Bouin reste optimiste : “Encore en attente, pour au moins un mois. Ce temps de confinement m’a permis de beaucoup lire. Ma vision de la natation aurait continué d’évoluer, de toute façon, mais cela s’est accéléré avec ce temps disponible. Et j’ai pu relativiser sur certains sujets”.
Pour tous, les véritables sensations seront à retrouver. Kenny Labrosse souhaite mettre en garde la communauté cycliste : “Le monde du sport a été exemplaire. Mais il va falloir être progressif dans la reprise, respecter certains paliers de décompression, être vigilant sur la route et reprendre humblement notre place. Notamment avec le cyclisme, où la sécurité prime.”