#3 Jean Havet
Jean Havet veut prendre la bonne vague
Voici le 3e et dernier lauréat 2020 de l’association: Jean Havet. Comme Titouan Le Meignn, Jean est kayakiste et membre de la Team ESACK. À 17 ans, le benjamin des lauréats de l’appel à projets sportifs 2020 vient d’intégrer le Pôle France à Rennes et fait partie des espoirs français en course en ligne.
Par Charles DUBRE-BEDUNEAU
Photos: Théo Bariller-KRINE
Ce samedi après-midi là, malgré la pluie qui tombe sur le Lac de Maine, quelques véliplanchistes et kayakistes motivés se mettent à l’eau. Pour Jean Havet, ça sera séance de musculation, au sec. Avec son coéquipier Mathis Boivin il a beau s’entraîner au Pôle Espoir (au sein du Pôle France) à Rennes depuis cette rentrée, le kayakiste angevin est toujours comme chez lui quand il revient voir ses entraîneurs et ses coéquipiers au Pavoa le week-end. « Je suis adhérent au CKCA (Canoë Kayak Club Angers) depuis mes neuf ans donc c’est comme une deuxième famille pour moi », confie le nouveau Dalleux.
« Le kayak est un sport artistique »
Jean est venu au kayak d’abord par la voile, puis pour imiter son grand-frère. « Au début je faisais juste des balades. J’ai rapidement aimé la sensation de glisse, la vitesse et la technique du geste avec la pagaie dans la course en ligne. De l’extérieur on peut voir le sprint comme une discipline de « bourrin », et c’est vrai qu’il faut de la puissance mais la technique et la précision dans le placement de la pagaie sont tout aussi essentiels. Pour moi le kayak c’est avant tout un sport artistique. De manière générale je vois le sport comme un art », explique-t-il très calmement et avec beaucoup de maturité pour ses 17 ans. Avant de se lancer à fond dans le kayak, Jean a testé une multitude de disciplines (hockey sur glace, escrime, roller, judo, trottinette freestyle..) mais c’est dans l’eau qu’il est vraiment dans son élément. « Je continue à faire du surf de temps en temps », ajoute l’élève de Terminale.
Son sens de la glisse et son aspiration à repousser ses limiter portent leurs fruits. Bien encadré par ses coachs Benoit Bayeux, Florian Revollon et Florent Thellier, Jean décroche ainsi son premier titre de champion de France en équipage (K4 3 000 m) à 14 ans. D’autres titres et podiums nationaux et internationaux ne tardent pas à suivre: champion de France cadet K2 5 000 m et 500 m, K4 200 m et 500 m, vice-champion de France K1 5 000 m et 1000 m, 3e en K1 200 m et 500 m, 2e en K2 1 000 m et 200 m à la Brandenburg Cup 2019, participation aux Championnats du Monde U17 à Bratislava…). « Le monoplace c’est sympa et c’est la base pour ensuite performer en équipe, mais j’aime aussi beaucoup les courses en équipage, que ça soit à deux ou à quatre. On vit des émotions très différentes », décrypte notre lauréat.
Un diabète qui n’entame pas sa faim de victoire
Des performances d’autant plus remarquables que Jean est diabétique de type 1 depuis l’âge de neuf ans. « Je suis fier des résultats que j’ai pu obtenir jusqu’à présent. Quand j’ai été diagnostiqué diabétique jamais je n’aurais imaginé atteindre ce niveau. Je veux montrer à d’autres jeunes qui, comme moi ont pu être perturbés par un évènement de vie particulier, voire démoralisés à l’arrivée d’une maladie, qui ont vu leurs rêves, projets, tomber à l’eau (je voulais devenir officier militaire ou pompier, mais ces métiers sont interdits aux diabétiques) que ce n’est pas un obstacle absolu et qu’il faut toujours croire en ses rêves et persévérer. » Si sa maladie peut être source de stress avant le départ d’une course, Jean a appris à faire avec. « C’était dur à gérer au début et le risque zéro n’existe pas. Mais ça m’a forcé à avoir une certaine discipline dans ma préparation, notamment dans mon alimentation. Je ne peux pas me permettre d’oublier mes piqûres et j’en ai toujours une d’urgence sur moi. »
S’il a parfaitement conscience de la « grosse marche » à franchir pour s’imposer chez les seniors, Jean peut se permettre de rêver grand, très grand: championnats d’Europe et mondiaux U23 puis élite à court terme, JO 2024 et 2028 à long terme. Et ce n’est pas une blessure à l’épaule qui l’a embêté cette année, le Coronavirus ou encore le récent vol de son bateau qui vont le faire renoncer à ses objectifs. « On se rappellera de l’année 2020 mais pas forcément en bien… L’aide de #LaDalleAngevine arrive à point nommé ! C’est toujours un honneur pour moi de représenter Angers et la France à l’étranger. Je me prépare déjà pour être au top en 2021. » Grand amateur de musique, notamment de reggae comme l’autre kayakiste lauréat 2020 de l’association Titouan Le Meignen, Jean Havet entend bien profiter du soutien de #LaDalleAngevine pour continuer à surfer sur la vague du succès.