Olivier veut traverser la Manche à la nage pour Killian
28 octobre 2020
#Découverte. Olivier Lauth, 48 ans, s’est lancé un défi fou: traverser la Manche à la nage pour Killian, un jeune handicapé, et récolter des fonds pour faire avancer la recherche sur les maladies génétiques. La tentative aura lieu en septembre 2022 mais le compte à rebours est déjà lancé. Ces deux ans de préparation sont indispensables si l’ancien handballeur veut avoir une chance de conquérir « l’Everest des nageurs ».
Par Charles DUBRÉ-BEDUNEAU
Photos fournies par Olivier Lauth
« Quand je parle de ce défi autour de moi, on commence par me dire que je suis fou ! Mais quand j’explique pourquoi je le fais, que je parle de Killian, les gens me demandent comment ils peuvent m’aider. C’est incroyable l’engouement que cela crée parmi mes proches, mes amis, même mes collègues… » Fils de handballeur et ancien handballeur de haut niveau lui-même (il a joué jusqu’en deuxième division et en équipe de France jeunes avant d’une rupture des ligaments croisés ne le force à arrêter), amateur de triathlon, d’épreuves type swim & run ou encore de randos VTT longue distance, Olivier Lauth s’est lancé à l’approche de ses 50 ans ce qu’il qualifie volontiers comme « le défi d’une vie », et qui dépasse la simple performance sportive: la traversée de la Manche à la nage pour Killian, le fils d’amis atteint d’une maladie génétique (tétrasomie 9P en mosaïque), et pour récolter des dons (défiscalisables via l’association OK Channel 2022) au profit de la recherche sur les maladies rares, en lien avec le laboratoire angevin Mitolab et la plate-forme régionale Prior, qui accompagne les malades et leurs familles.
« J’admire le courage de Killian, c’est un battant. Lorsqu’il est né les médecins ne lui donnait pas plus de dix ans à vivre. Aujourd’hui c’est un jeune homme de vingt ans plein de vie, qui aspire à être autonome malgré sa maladie et les nombreuses opérations qu’il a du subir. Il se déplace en fauteuil roulant électrique mais il participe à de nombreuses activités sportives comme le foot-fauteuil, la natation, mais aussi artistiques comme le chant. Au-delà du cas de Killian, je veux alerter sur le manque cruel de financement pour la recherche sur les maladies génétiques rares. »
La Manche, « l’Everest des nageurs »
La traversé de la Manche à la nage (qui ne se fait désormais que dans le sens Angleterre-France) n’est pas surnommée « l’Everest des nageurs » pour rien: 34 km (distance minimale mais avec les forts courants on peut facilement nager le double) dans une eau entre 14 et 16 degrés, sans palmes ni combinaison. Sans surprise, beaucoup abandonnent et le taux de réussite ne dépasse pas les 30%. Mais le défi continue malgré tout d’attirer des nageurs du monde entier et la première étape de l’inscription est déjà un parcours du combattant. « Il m’a fallu quatre mois rien que pour réussir à réserver un créneau d’une semaine (celle du 16 septembre 2022, le jour et l’heure exacts du départ étant ensuite déterminés selon la météo et les marées) et le pilote du bateau qui m’accompagnera auprès d’une des quatre associations anglaises qui encadrent la traversée », explique Olivier.
Pour l’ingénieur angevin, la difficulté est d’autant plus grande qu’il n’est pas nageur à la base. « Il est possible de le faire en relais mais je n’ai pas trouvé de copain aussi fou que moi pour m’accompagner ! J’ai demandé des conseils auprès de personnes qui ont tenté la traversée. Le chrono moyen est d’environ 13 heures mais je dois me préparer à nager pendant peut être 15 ou 16 heures. Sur un triathlon, on peut s’économiser sur le vélo ou en marchant au lieu de courir. Lorsqu’on nage en pleine mer, c’est impossible. Je suis bien conscient qu’aujourd’hui c’est au-dessus de mes capacités mais c’est pour cela que je me donne les moyens pour y arriver en m’entourant d’une équipe qui va m’encadrer au cours de ces deux années de préparation: deux coachs de natation (Philippe Fort et Stefan Tireau), un kiné (Etienne Poras), un médecin du sport (Stéphane Moreau), bientôt un(e) nutritionniste… sans oublier les membres de l’association, ma femme et mes trois enfants qui me soutiennent à 100 %. »
Le froid et l’alimentation, deux facteurs clés
Olivier a démarré sa préparation physique le mois dernier à raison de trois séances de natation par semaine (4 à 5 km par séance) et espère pouvoir suivre son programme, qui doit monter en puissance et en intensité au fil des mois, même si le coronavirus et surtout le couvre-feu compliquent encore un peu plus la donne avec la fermeture des piscines. « Je vais faire des sorties au Lac de Maine cet hiver, en mer en Bretagne le week-end… Ce que je redoute le plus le jour J ce sont les éléments extérieurs que je ne pourrai pas contrôler, comme la houle, le vent et surtout le froid. Il faudra que je m’enduise d’une graisse spéciale (similaire à de la graisse de phoque) pour éviter l’hypothermie mais un observateur peut décider à tout moment d’arrêter la traversée s’il considère qu’on se met en danger ou que les conditions se dégradent trop. Il faut aussi que j’apprenne à m’alimenter très régulièrement tout en continuant à nager pour ne pas dériver. La traversé du lac de Zurich (17 km) en août 2021 sera un bon test pour voir où j’en suis. »
Une aventure humaine avant tout
Killian est évidemment associé aux différentes étapes de cette belle aventure humaine. « On est en contact quasiment tous les jours. Il m’a demandé ce qu’il pouvait faire pour m’aider et il a d’ores et déjà prévu de faire une banderole. Le jour J, il ne pourra pas être sur le bateau mais sera au départ ou à l’arrivée et me suivra en direct via les réseaux sociaux. » Malgré la montagne qui se dresse devant lui, Olivier ne regrette pas son choix et n’a pas à chercher bien loin la motivation. « Ce projet a tout de suite fédéré bien au-delà de mes espérances. Je vais tout donner pour réaliser cet exploit. Mais quoi qu’il arrive, du moment que Killian est fier de moi et que je peux aider la recherche, ça sera déjà une belle victoire. »