Jehanne Réguer : « J’ai toujours ce rêve de porter un jour le maillot de l’Équipe de France »
20 novembre 2020
#MadeInAngers. Membre du SCO Angers Athlé, Jehanne Réguer est une athlète déterminée dans sa quête d’un podium aux Championnats de France Espoirs à l’horizon 2022. Candidate à l’appel à projets sportifs 2020 de #LaDalleAngevine, cette ancienne gymnaste se livre sur son quotidien et ses ambitions. Rencontre.
Propos recueillis par Manon CHALIN
Photos : Théo BARILLER-KRINE
Jehanne, peux-tu présenter ton parcours et parler de ton projet sportif ?
Je suis actuellement en troisième année de Droit et en parallèle, je fais du triple saut depuis maintenant cinq ans, au SCO Angers Athlé. J’essaye de mener les deux en même temps, ça demande de l’organisation. Je n’ai pas beaucoup de place pour les sorties mais ça ne me dérange pas, c’est un choix de vie. Auparavant, j’ai fait dix années de gymnastique au niveau national avec notamment deux participations aux Championnats de France. J’ai décidé de changer complètement de sport à un moment donné parce que j’avais atteint mon plus haut niveau et j’ai toujours cette envie de progresser et de performer. Le triple saut est un peu une discipline atypique, c’est ce que j’aime. Je me suis lancée comme objectif de faire un podium aux Championnats de France Espoirs en 2022. C’est sur le court terme mais c’est vrai qu’à plus long terme, j’ai toujours ce rêve de porter un jour le maillot de l’Équipe de France. Je prends étape par étape, quand je vais m’entraîner, je ne pense pas à ça. Je veux surtout prendre du plaisir à l’entraînement et le reste viendra ensuite.
Qu’est ce que tu fais au quotidien pour atteindre tes objectifs ?
Je suis entourée de mon entraîneur Thibaut Godichon, il s’occupe de tout l’aspect technique du saut et du sprint. Il dit toujours que pour sauter loin, il faut courir vite. Je suis aussi aidée par Jean-Michel Mareau, notamment sur toute la préparation physique en début de saison. Et il y a Sullivan Breton pour la musculation. Cette année, je suis passée à cinq entraînements par semaine donc j’aimerais intégrer la récupération dans mon quotidien. Ensuite, je vais régulièrement à Physio K Sport, c’est un centre de kinésithérapie sur Angers qui est vraiment très bien, où je suis suivie par Benoit Papin. D’ailleurs, ils ont une technologie assez incroyable pour les soins, c’est quelque chose que je pourrais mettre en place pour la récupération. Dans mon quotidien, j’accorde une attention particulière au sommeil, c’est très important pour moi. À terme, j’aimerais aussi reprendre le suivi avec un nutritionniste mais ce n’est pas d’actualité pour le moment.
Et qu’est ce qui a provoqué l’arrêt de cet accompagnement ?
J’ai dû arrêter puisque j’ai développé des troubles du comportement alimentaire lors de la dernière saison hivernale. Je n’ai pas pu m’entraîner pendant un mois et demi, ça a été une période compliquée. Mon médecin m’a clairement dit que si je ne reprenais pas de poids, je ne reprenais pas le sport, ça a été un déclic. Aujourd’hui, je n’ai donc pas de restriction alimentaire, bien au contraire. Maintenant, ça fait partie de moi donc je ne me voyais pas évoquer mon quotidien sans parler de ça. J’ai trop pris à coeur l’athlétisme jusqu’à me restreindre sur beaucoup de choses. J’entendais des choses sur les produits laitiers donc j’ai commencé à les enlever de mon alimentation. J’ai aussi développé une sorte de phobie du gras. J’étais dans un cercle vicieux dans lequel je n’arrivais plus à sortir, au point où ma santé était mise en danger. Mais aujourd’hui, je suis sur la bonne voie.
Par rapport à la crise sanitaire, est-ce que pour toi ça représente un frein à ta préparation ?
Je prends vraiment cette situation avec positivité et je me dis qu’auparavant les athlètes n’avaient pas toutes les infrastructures que nous avons aujourd’hui, c’est un peu comme un retour en arrière dans l’histoire. Ce n’est pas du tout un frein pour moi, au contraire. À la suite du premier confinement, mon entraîneur trouvait même que j’avais fait des progrès en vitesse. Et puis je suis en contact tous les jours avec mon équipe pour leur faire un retour sur mon entraînement. Ils m’envoient toutes les séances, si moi derrière je ne reviens pas vers eux, ils n’auraient pas envie de collaborer avec moi. C’est un échange primordial, une marque de respect et de confiance. En ce moment, je m’entraîne dans la rue et il y a des personnes qui s’arrêtent et qui regardent, c’est presque une manière de partager l’athlétisme finalement.
« Pendant le confinement, nous sommes obligés d’être plus attentifs par rapport à nos sensations. C’est aussi une manière de responsabiliser la pratique et d’être beaucoup plus autonome. Dans une situation comme celle-ci, on apprend et c’est intéressant, c’est une autre vision de l’entrainement »
Tu t’entraînes normalement avec un groupe, c’est peut-être la partie collective qui te manque le plus finalement ?
Oui c’est vrai, c’est une source de motivation de s’entraîner en groupe. Et puis il y a une émulation, quand je vois quelqu’un réussir, j’ai envie de performer moi aussi. Pendant le confinement, nous sommes obligés d’être plus attentifs par rapport à nos sensations. C’est aussi une manière de responsabiliser la pratique et d’être beaucoup plus autonome. Dans une situation comme celle-ci, on apprend et c’est intéressant, c’est une autre vision de l’entrainement. Je n’ai pas du tout de perte de motivation, c’est quelque chose de naturel pour moi. Je suis toujours dans le contrôle et la prévision mais là, on doit vivre au jour le jour. Après, c’est vrai que la compétition me manque : le stress, l’adrénaline, l’ambiance… Mais on est obligé de s’adapter.
Pour finir, quelles sont tes sources de motivation et d’inspiration au quotidien ?
Je pense que c’est vraiment l’envie d’apprendre, de progresser et aussi, j’ai toujours été consciente de la chance que j’avais d’être en bonne santé. Pour mes sources d’inspiration, c’est vrai qu’Amandine Brossier et Alexandra Aubry sont des personnes avec une grande humilité et ça, je pense que c’est vraiment la qualité suprême d’un athlète. J’ai aussi beaucoup d’admiration et de respect pour les athlètes handisport. Théo Curin est vraiment inspirant, je suis très admirative, il fait des choses incroyables, c’est vraiment un message d’espoir.