Clément Le Minoux : des musées d’Angers à celui de la FIFA
#LeSportPartout - 06 mai 2021
#CultureSport. Une part du sport angevin est au musée de la FIFA à Zurich. Ce n’est pas une œuvre artistique, ni un trophée. C’est une ressource humaine, un Dalleux nommé Clement Le Minoux. Toujours à fond derrière le sport angevin, celui qui est né et qui a grandi à Angers est aujourd’hui régisseur des oeuvres au temple du football international, en Suisse.
Par Théo BARILLER-KRINE
Ce sont des histoires peu communes, qui font résonner le sport angevin au delà des frontières. Les parallèles entre le monde de la culture et le monde du sport sont nombreux. C’est une voie que Clément Le Minoux a décidé d’emprunter.
Une vocation professionnelle née à Angers, dans un emploi étudiant
Clément et les musées, c’est un fil conducteur depuis son plus jeune âge : « Quand j’étais plus jeune, j’ai toujours été habitué à aller au musée avec mes parents. À Angers le week-end, mais aussi en vacances. » Clément et le sport, c’est aussi un fil conducteur depuis toujours : « J’ai toujours suivi le sport d’abord dans les journaux et à la radio et plus tard en vrai dans les stades. Le football bien évidemment, mais pas seulement. Dès que je le pouvais, j’allais supporter les équipes angevines. Pour moi je ne conçois pas le sport comme quelque chose que seulement je peux regarder, il faut que j’y participe également. C’est pourquoi j’ai commencé l’arbitrage en 2008 dans le tennis. Je suis toujours arbitre et cela m’a permis d’aller sur les plus grands tournois du monde. D’être sur le court est un formidable privilège car on est au cœur du jeu, on en fait partie. Ces sensations sont indescriptibles et cela permet de vivre des émotions sportives autres que celles d’un spectateur ou supporter. » Pour son avenir professionnel, le natif d’Angers a choisi de ne pas choisir entre ses deux passions.
Passionné des mémoires, Clément entame donc une Licence d’Histoire à l’Université d’Angers, avec tout d’abord, le projet de devenir journaliste sportif. Pendant sa formation, un emploi étudiant dans les musées d’Angers en tant qu’agent d’accueil, commence à lui donner des idées : « Quand je voyais les oeuvres exposées au Musée des Beaux-Arts par exemple, j’étais fasciné par la logistique nécessaire, par les réserves pour stocker toutes ces oeuvres. Que se passe-t-il derrière toutes ces oeuvres ? » Petit à petit, ses deux passions se sont rapprochées, et l’idée d’un mémoire de recherche sur les musées de sports se concrétise. Il intègre alors un Master professionnel et recherches dans le monde des musées, à Avignon. Parallèlement, le Musée National du Sport en France déménage à Nice, avec l’arrivée du nouveau stade pour l’Euro 2016. Une opportunité professionnelle s’ouvre alors à Clément, qui décroche alors son stage de fin d’études : « J’ai suivi l’emballage des oeuvres à Paris pendant 15 jours, et j’ai enchainé avec la réception des 33 semi-remorques à Nice. C’était beaucoup de manutention mais le lieu et les oeuvres me plaisaient tellement ! »
Des objets pour revivre des émotions par le sport
À la fin de ses études, Clément est conservé par le Musée National du Sport à Nice et est chargé de la collecte des objets. De l’administratif, mais aussi de la pratique pour installer et conserver les objets sportifs : « La problématique des musées dans le sport, c’est la conservation des objets récents, très contemporains. C’est difficile à conserver, comme les combinaisons de natation notamment, qui se rétractent. Ou bien même les gants des gardiens de but ». Et forcément, il y a des souvenirs plus forts que d’autres : « Très peu de temps après son décès, le prêt des trois médailles Olympiques (or, argent, bronze) de Camille Muffat a été très émouvant. Surtout que c’était une sportive locale. Le prêt de la Formule 1 Marussia de Jules Bianchi a également été riche en émotions. »
Clément s’envole ensuite au Musée de la FIFA à Zurich, qui aborde tous les aspects du patrimoine footballistique international et raconte la passionnante histoire de la Coupe du Monde de la FIFA, où il évolue actuellement en tant que régisseur d’oeuvres : « J’ai trois missions : l’acquisition, la conservation, et l’exposition des objets. Je dois m’assurer de l’authenticité et de la provenance de ces objets, car malheureusement il y a des faux ou des maillots détournés par exemple... »
Pour comprendre les tendances actuelles dans le sport, et permettre aux nouvelles générations de s’approprier l’identité d’une nation ou d’un club, il faut parfois observer le passé et les fameux objets « vintage » que Clément fréquente au quotidien : « Pour la Coupe du Monde 2018, les maillots des années 90 modernisés par l’Allemagne ou l’Espagne par exemple, c’est une belle preuve qu’il faut encore s’inspirer de l’Histoire. »
Angers, un patrimoine sportif
Toujours attaché à sa ville natale, Clément est un Dalleux de la première heure. Preuve de son attachement à Angers, un tableau avec vue sur le château d’Angers figure dans son bureau en Suisse parmi des photos historiques de la Coupe du Monde.
Clément est convaincu qu’un musée du sport aurait sa place en Anjou : « Angers, c’est une ville qui bénéficie d’une grande diversité. Le Lac de Maine, le basket, le roller hockey… Ça ne se compte pas juste avec les titres, ou les résultats. Angers est une terre d’aviation au début du XXe siècle. Mais aussi du côté des industries qui investissent dans le sport angevin depuis de très nombreuses années : Bodet, Scania… Il y a des personnages historiques, comme Julien Bessonneau avec Angers SCO. Et même #LaDalleAngevine ! Cette association qui porte un nom historique, lié à une performance sportive. Rien que ça, c’est un beau patrimoine. Les musées à Angers sont très bien organisés, avec beaucoup de gens compétents que j’ai pu rencontrer notamment lors de mon emploi étudiant, ça aurait donc du sens ! » C’est aussi un territoire sportif qui ne se repose pas sur ses acquis, comme le souligne Clément : « Quand on voit Nicolas Mahut qui lance son tournoi… Il y a plein de moteur, pas seulement Angers SCO. L’UFAB 49 qui monte, Les Ducs d’Angers etc. Il y a du potentiel à travers le sport. »
Si le sport angevin devait lui aussi faire son inventaire, il compterait assurément sur les compétences et les expériences de Clément. Une fierté supplémentaire de pouvoir annoncer, qu’un Dalleux fréquente tous les jours le fameux trophée de la Coupe du Monde de la FIFA.