#MadeInAngers. À l’instar de Matéo Bohéas et Claire Supiot à Tokyo, Dorothée Mériau a participé aux Jeux Paralympiques. C’était à Londres, en 2012. Depuis, elle a créé son entreprise, Handizan, et veut informer et sensibiliser sur le handicap.
Par Thomas Charrier
Photos : Franck Potvin
Dorothée Mériau est une « pure angevine » – comme elle le dit – qui a beaucoup de choses à raconter. De ses rêves de devenir prof à la création d’Handizan, en passant par les Jeux Paralympiques de Londres, le parcours est aussi riche qu’inspirant.
Issue d’une famille de sportifs, elle puise sa passion en regardant son papa jouer au handball. À six ans, elle plonge dans les bassins et commence la natation. Deux ans plus tard, elle découvre la gymnastique aux Ponts-de-Cé. Un sport qui deviendra son activité favorite, à tel point que « depuis, je ne me suis jamais arrêtée ».
Le sport : plus qu’une passion, une vocation
Sa passion pour le sport devient rapidement une vocation puisque dès ses 14 ans, Dorothée veut devenir professeur d’EPS (éducation physique et sportive). Un métier qui lui permettra d’« allier le sport, l’éducation et la transmission ». Ce projet va dicter la suite de son parcours. Sur le plan scolaire, d’abord, avec l’obtention d’un bac Économique et Social ; puis une entrée à l’IFEPSA à la faveur de sa réussite au concours. En 2005, elle tente une première fois l’examen pour enfin exercer le métier de ses rêves mais une blessure l’en empêche. Loin d’être résignée, elle se représente l’année suivante.
Nous sommes en avril 2006 et Dorothée est en cours de gymnastique avec ses camarades de promo. Elle répète ses gammes pour préparer un mouvement au sol, un exercice obligatoire dans ce concours. Elle chute. « À ce moment-là, je suis allongée sur le pratiquable – le tapis – et un paradoxe s’installe entre un mal de dos très fort et le fait de ne pas sentir mes jambes. J’ai tout de suite senti que c’était grave. Il y a d’un côté la douleur, et de l’autre la prise de conscience de mon état. Tout va très vite. Les pompiers, le SAMU, les anti-douleurs… ». Ensuite, vient le verdict : fracture et luxation de deux vertèbres. Dorothée devient paraplégique. Puis, l’annonce : aucun espoir de pouvoir remarcher. « Une partie de moi le savait déjà. Finalement, le plus dur c’est pour l’entourage, mon petit frère, ma petite sœur, mes parents, amis, mes collègues de l’IFEPSA, dont certains ont assisté à l’accident ». Pour eux, elle demande à afficher un petit mot à côté des plannings pour leur dire de ne rien lâcher dans leur objectif qu’ils préparaient ensemble.
La découverte du handisport
À 23 ans, et après trois mois en centre rééducation, Dorothée doit s’adapter car son accident entraîne des bouleversements importants dans sa vie. Sur le plan matériel, avec notamment un changement de voiture et d’appartement. Sur le plan professionnel aussi, puisqu’elle doit réfléchir à un autre projet. Mais Dorothée a des ressources et se nourrit du soutien de sa famille et de ses amis. Elle est persuadée que « dans une telle situation, soit tu te laisses dépérir et tu subis, soit tu vas de l’avant ». Elle choisit son camp en se focalisant « sur ce qui [lui] reste, et pas sur ce [qu’elle] a perdu ». Ce qui l’amène à passer un premier entretien professionnel au Comité Départemental Handisport de Maine-et-Loire à la fin de l’année 2006, quelques mois seulement après sa chute. Elle n’est pas retenue mais ce rendez-vous « est salutaire dans le sens où j’étais dans une démarche de recherche d’emploi et j’ai pris conscience de mes limites ».
Auparavant, en octobre 2006, Dorothée avait repris contact avec le sport et l’adrénaline, en surfant avec un ami. Très vite, elle intègre une section de hand fauteuil dans le club de son frère et de son papa. L’environnement est parlant, mais la pratique n’est que trop rare : un entraînement par semaine le samedi matin. Dorothée a « besoin de se tester davantage ». Au hasard d’une rencontre, elle découvre le basket fauteuil, la discipline phare au niveau des sports collectifs handisport à Angers en 2007. À force de persévérance, elle re-goûte à la compétition, un de ses objectifs est atteint. Avant sa première sélection en Equipe de France, pour les championnats d’Europe en Israël. Avec pour mission, la qualification aux Jeux Paralympiques. Une victoire face aux Espagnoles sur le dernier match permet à son équipe de valider le ticket pour Londres : « C’est la consécration ».
La volonté d’informer, transmettre et sensibiliser sur le handicap
Mais derrière cette réussite sportive, Dorothée a une idée qui trotte dans sa tête depuis toujours : sensibiliser et informer sur le handicap. Elle est persuadée que « si nous ne transmettons pas la connaissance du handicap aux gens, il y a aura toujours des préjugés, cette notion de peur ou de stigmatisation ». L’idée est de faire partager à des personnes handicapées et valides les mêmes situations. Pour cela, elle utilise les valeurs et les supports des activités physiques. Par exemple, elle propose à des personnes valides de se glisser dans un fauteuil le temps de quelques exercices. Le but : montrer que chaque différence est une richesse et qu’il est possible de mieux “vivre ensemble”. Pour Dorothée, « à partir du moment où on est tous dans la même situation, la notion de plaisir est présente et la stigmatisation du fauteuil disparaît ». Avec Handizan, Dorothée intervient dans des entreprises, dans des clubs de sport et dans le domaine de la santé. Et celle qui a toujours voulu devenir prof, intervient aussi dans des écoles… Tout un symbole !