#JourDeMatch. Face à Villeneuve-sur-Lot, dernier de Pro A mais qui les avait battus à l’aller, les Loups d’Angers ont convoqué leur orgueil et un certain esprit de revanche pour s’imposer 3-0 et récupérer la place de leader. Compte rendu.

Texte : Valentin Deudon
Photos : Franck Potvin

Les entraîneurs n’ont pas la vie facile. Leur statut de chef de bande – de chef de tout – les oblige à gérer chaque jour un nombre incalculable de problèmes, à prendre constamment une foule de décisions, à composer avec cette instable matière humaine… Pourtant, il arrive parfois qu’ils croisent des situations d’une simplicité bienvenue, comme des évidences.

Ce fut le cas pour David Pilard, à la tête des Loups d’Angers, dans sa préparation d’avant-match contre Villeneuve-sur-Lot ce samedi salle Jean Moulin. Non pas parce que le club de Nouvelle-Aquitaine est actuel bon dernier de Pro A avec 9 défaites et une seule victoire… Mais plutôt car cet unique succès a été acquis contre nos Angevins, en octobre dernier ! Une anomalie insupportable pour le coach, qui fut en même temps une aubaine pour convoquer l’orgueil et la motivation de ses troupes : « Dès la fin du match précédent contre Chartres, j’ai dit aux joueurs que Villeneuve ne pouvait pas se retrouver avec seulement deux victoires et qu’elles soient les deux contre nous ! On joue le titre et ça aurait fait vraiment désordre ».

Message parfaitement reçu puisque les Loups se sont imposés 3 matchs à zéro, empochant ainsi 3 points qui leur permettent de reprendre la première place, avec deux unités d’avance sur La Romagne, le grand voisin et rival qui sera bientôt en visite à Angers pour un derby capital. Si la première rencontre a été une formalité rapidement réglée pour Joao Geraldo (à l’image) face à Johan Derit, 3 sets à rien, les deux suivantes furent nettement plus longues et accrochées. Mais Jon Persson, solide face à Alexey Liventsov, 3 sets à 1, et surtout Hampus Nordberg contre Jules Cavaillé, 3 sets à 2 après 5 manches très accrochées et incertaines, sont bien sortis vainqueurs de leur duel respectif. Il a donc suffi au champion de France en titre trois matchs pour assurer la gagne, quand parfois un marathon de cinq parties est nécessaire. Place désormais à un déplacement à Cergy, 8e, dès mercredi, avant de se projeter sur le prochain spectacle à domicile qui aura lieu le 5 avril. Notez-le sur vos agendas car il s’agira d’un match au sommet contre La Romagne donc, un vrai choc entre les deux premiers pour la conquête titre national.

Les pongistes et leurs multiples rituels

On emploie ci-dessus volontairement le mot spectacle, car il faut les voir au moins une fois en vrai et de près ces pongistes de haut niveau. Il faut les contempler réaliser leur art de part et d’autre de la table ; leur services baroques et chorégraphiés, leur regard rivés sur ce petit point blanc beaucoup trop rapide pour nous, cette capacité à défendre si loin de la surface de jeu en maintenant l’échange. Et puis il y a aussi tous ces gestes rituels et personnels, presque intimes… Les observer attentivement entre les points semble aussi fascinant que troublant tant ils répètent à l’infini ces mimiques destinées à les rassurer. Chacun use par exemple de son petit cri propre de motivation, certains ont besoin entre chaque point d’aller toucher un rebord de la table, juste par habitude, quand d’autres ne cessent de souffler sur leurs doigts avant de servir. On se replace aussi la manche, on replie soigneusement sa serviette, on s’essuie la main contre le revêtement de la raquette, on se parle à soi-même, on se félicite, on exulte, on grimace, on enrage… Et quand cela devient vraiment trop difficile, le temps mort est un soulagement, l’opportunité de quitter sa solitude pour trouver refuge soixante secondes durant auprès des coéquipiers et du coach, avant de revenir sautillant et regonflé à bloc près de la table.

Le sportif de haut niveau est définitivement un être à part qui suscite admiration et curiosité, et nos pongistes ne dérogent pas à la règle. Alors on se répète, mais il faudra un jour venir les voir en vrai, profitons-en car nous comptons à Angers quelques-uns parmi les meilleurs du pays.