Ma Dalle Intime par Carolann Héduit
#MaDalleIntime - 07 décembre 2022
10 questions, 10 sillons à creuser pour interroger en profondeur la manière de vivre le sport de nos athlètes locaux. Pour réveiller aussi leurs souvenirs, identifier les moments décisifs, partager leurs sources de motivation… Une dalle angevine, une dalle intime que nous confie la gymnaste de l’équipe de France Carolann Héduit, née à Angers il y a 19 ans et licenciée depuis ses 9 ans au club d’Avoine Beaumont Gymnastique, en Indre-et-Loire. Celle qui revient chaque week-end ou presque sur Angers où vivent ses parents a notamment participé aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021, et compte bien être de ceux de Paris en 2024 !
Texte : Valentin Deudon
Photos : Fédération Française Gym / Thomas Schreyer
1- Pourquoi aimes-tu tant ton sport, qu’est-ce qui te plait en lui? Parles-nous de ton plaisir à le pratiquer.
La gym est entrée très tôt dans ma vie, dès l’âge de 4 ans, mais ça ne m’a pas plu tout de suite. Je trouvais ça trop simple… J’ai donc arrêté, puis repris au club d’Angers Gymnastique vers 5-6 ans, et là c’était différent. J’ai vraiment aimé, j’avais besoin de bouger et ça me contentait beaucoup. Aujourd’hui, j’adore le côté impressionnant des figures, les acrobaties, la sensation de voler sur les agrès, l’adrénaline pendant la compétition, et puis le fait de représenter la France ! Je ne retrouve tout ça nul part ailleurs. C’est très beau la gym et j’aime autant la pratiquer que regarder les autres.
2- Un moment fondateur, décisif, dans ton parcours de gymnaste de haut niveau?
Lors des championnats d’Europe Juniors en 2018. Je venais de vivre une année difficile, avec notamment une douleur à une cheville. Malgré ça, j’ai disputé la finale barres et obtenu une médaille de bronze. Je la désirais tellement cette médaille… J’étais vraiment heureuse. A partir de ce moment, j’ai senti que j’étais légitime. J’avais toujours l’impression que les autres méritaient plus que moi d’être en équipe de France, mais je sais depuis cette compétition que j’ai ma place.
3- Quel personnage de ton environnement proche a été fondamental dans ton éducation sportive?
Je dirais ma famille dans son ensemble. Mes parents qui me soutiennent beaucoup, mais aussi mon grand frère et ma petite sœur qui ont tous les deux vécu comme moi un parcours de haut niveau dans le sport. Ma sœur en gymnastique aussi (au club d’Avoine également pendant plusieurs années), et mon frère en hockey-sur-glace (gardien de but à Angers, Amiens et Caen notamment). On vivait la même chose et on était là les uns pour les autres.
4- Où et comment puises-tu ta motivation, comment tu la régénères dans les périodes difficiles?
Pour s’en sortir dans les moments compliqués, il faut penser positif. Moi je pense toujours à toutes les compétitions que j’ai faites et à toutes celles à venir. Ca me donne envie de continuer car la gym me permet de vivre des choses incroyables, la compétition en elle-même, mais aussi tout ce qui l’entoure. Chaque tournoi est unique, j’aime découvrir le lieu, rencontrer d’autres personnes du monde entier… C’est ce qui me motive le plus.
5- Un mal de ton sport que tu aimerais voir disparaitre, un espoir de changement pour son avenir ?
J’aurais envie que globalement les relations entre les clubs et la fédération soient parfois plus apaisées, pour permettre aux gymnastes de se concentrer uniquement sur la pratique et la performance.
6- Une création autour de ton sport (série, film, docu, livre, BD, spectacle, œuvre…) qui t’a marqué?
Je lis beaucoup, pas que sur mon sport, mais par conséquent je vais répondre en citant deux livres qui m’ont marquée sur la gym. Les biographies de Nadia Comaneci (à l’image, ndlr) et d’Emilie Le Pennec, deux grandes gymnastes. Ces deux ouvrages comme plusieurs autres montrent la diversité de la gym, permettent de partager des expériences, des parcours, des ressentis… Je me nourris de tout ça.
7- Un ou une athlète de haut niveau actuel ou historique auquel tu aimes te référer, et pourquoi?
Une autre gymnaste, brésilienne, Rebecca Andrade, l’actuelle championne du Monde. Elle est incroyable, d’abord parce qu’elle est revenue au plus haut niveau après s’être fait trois fois les croisés ! Mais aussi parce que sa gymnastique m’impressionne beaucoup, c’est la technique avec un grand T, tout est parfait, aligné, tendu, chaque réception est pilée… Je regarde beaucoup ses vidéos, elle est très inspirante pour moi.
8- La dernière fois que tu as pleuré, de peine ou de joie, par le sport? Peux-tu nous expliquer cette émotion.
A Munich cet été aux championnats d’Europe (voir la vidéo ci-dessous, ndlr). Après ma médaille de bronze à la poutre, le soir ou le lendemain je ne sais plus, j’ai senti toute la pression de la compétition retomber, et je me souviens avoir pleuré, de joie surtout. Je l’ai vécu comme une récompense de tout mon travail, d’un gros investissement. C’était une émotion puissante qui devait sortir.
9- Un autre sport passionnant, que tu aurais aimé pratiquer, que tu pratiques aussi peut-être?
La natation, car j’aime beaucoup nager. Quand je suis dans des périodes de reprise ou en vacances, j’aime bien aller faire des longueurs à la piscine, plutôt du crawl.
10- Un objet qui compte beaucoup et que tu as besoin d’avoir près de toi, à la maison ou en compétition?
Un porte-clés. Je fais collection et lors des Jeux Olympiques de Tokyo l’an dernier, à Kobé où l’on s’entraînait avant le début des JO, on m’avait offert un petit porte-clé porte-bonheur que j’aime beaucoup, blanc avec dessus des écritures dorées japonaises. Je l’emmène partout avec moi en compétition à présent.