Ma Dalle Intime par Antonin Manavian
#MaDalleIntime - 16 février 2023
#MaDalleIntime. 10 questions, 10 sillons à creuser pour interroger en profondeur la manière de vivre le sport de nos athlètes locaux. Pour réveiller aussi leurs souvenirs, identifier les moments décisifs, partager leurs sources de motivation… Une dalle angevine, une dalle intime que nous confie Antonin Manavian, 35 ans, expérimenté défenseur des Ducs d’Angers au parcours riche et cosmopolite.
Texte : Valentin Deudon
Photos : Théo Bariller-Krine / Ducs d’Angers
1- Un moment fondateur, décisif, qui a déclenché ton amour pour ton sport, le hockey-sur-glace?
J’ai baigné dans le sport toute ma jeunesse. Tout le monde pratiquait de façon assidue dans la famille : mon grand-père, mon père, les oncles, les cousins… J’ai d’abord fait du football et du tennis. Et puis le hockey est arrivé un peu par hasard. Dans le quartier où j’habitais, à Paris dans le 17e arrondissement, je jouais régulièrement au street-hockey avec deux amis, dans un parc. Un jour, des gens sont venus me voir pour me pousser à faire un essai en club. J’ai suivi leur conseil, à Courbevoie. Là, dès que je suis monté sur la glace, j’ai su qu’il fallait que je fasse ce sport-là ! J’ai senti comme une vibration.
2- Pourquoi aimes-tu tant ce sport, qu’est-ce qui te plait en lui? Parles-nous de ton plaisir à le pratiquer.
J’ai tout de suite aimé le fait que le hockey-sur-glace soit un peu méconnu, original, différent des autres. Le feeling a été immédiat, je me sens bien sur les patins. Mais c’est aussi que j’avais des facilités, car il s’avère que je savais déjà patiner la première fois que je suis monté sur la glace, sans avoir appris précédemment.
J’aime aussi le hockey pour le style, la façon de patiner, il y a une élégance… «J’aime vous voir danser sur la glace», m’a dit récemment la grand-mère de mon épouse. Elle a 90 ans, elle vient encore nous voir jouer et j’ai bien aimé ce parallèle avec la danse.
3- Quel personnage de ton environnement proche a été fondamental dans ton éducation sportive?
Mon grand-père, un modèle. Non seulement pour son passé de boxeur, il a combattu notamment contre Marcel Cerdan, mais aussi pour son implication dans la vie du quartier quand j’étais petit. Il aidait les jeunes à ne pas mal tourner en leur proposant des séances de sport, via une association il apprenait à nager à des personnes atteintes de trisomie. Il nous a inculqué ce goût du sport et c’était une bonne école de vie. Disons que tout est parti de lui, Jacques Manavian. Mon père, qui est coach sportif, a suivi cette ligne et m’a beaucoup poussé également. Tout comme ma maman qui a tout fait pour que je vive à fond ma passion, jusqu’à m’aider à réaliser mon rêve à 16 ans : partir découvrir le hockey au Québec.
4- Où et comment puises-tu ta motivation, comment tu la régénères dans les périodes difficiles?
Dans le regard et les sentiments exprimés par les membres de ma famille. C’est elle qui me pousse. La présence de mon épouse qui m’a toujours accompagné dans mes choix, m’a apporté la volonté qui me manquait. Je perçois de la fierté dans les yeux de mon fils quand il vient à la patinoire, ça me donne beaucoup de confiance. Je les vois tous à fond, mon père quand il vient aux matchs, ma mère qui m’encourage par message… Tous ces témoignages de mes proches me boostent.
Il y a aussi Angers, un lieu apaisant, on y est à la maison car ma femme est originaire d’ici.
Antonin Manavian, c'est pas moins de 245 sélections avec l'équipe de France de hockey-sur-glace !
5- Un mal de ton sport que tu aimerais voir disparaitre, un espoir de changement pour son avenir?
Même si je l’adore, il y en a forcément… Je pense qu’on a besoin de mieux former les jeunes pour que notre discipline grandisse encore en France. On devrait plus axer les efforts sur la qualité de la formation pour disposer ensuite d’un bon noyau, dans le but d’augmenter le niveau de notre championnat comme de l’équipe de France. C’est un développement structurel qui prendra du temps et on aperçoit bien sûr quelques signaux positifs, mais j’aimerais qu’on priorise un maximum la formation.
6- Un ou une athlète de haut niveau actuel ou historique auquel tu aimes te référer, et pourquoi?
Michael Jordan. Il avait une classe incroyable ! Et une telle exigence… Même à l’entraînement, vis-à-vis de lui-même et des autres. Ca devenait presque un enfer pour ceux qui le côtoyaient. Je ne suis pas du tout comme ça et ça me paraît presque dérangeant, mais c’est fascinant de comprendre qu’il voulait à tout prix devenir une légende, le meilleur, et qu’il a tout mis en œuvre pour atteindre cet objectif.
7- Une création autour de ton sport (série, film, docu, livre, BD, spectacle, œuvre…) qui t’a marqué?
Quand j’étais gamin, c’était «Les petits champions», un film culte des années 90. C’est l’histoire d’une équipe de jeunes joueurs à la base pas très doués, mais qui sont pris en main par un coach. C’est un peu le Olive et Tom du hockey-sur-glace, en film !
8- La dernière fois que tu as pleuré, de peine ou de joie, par le sport? Peux-tu nous expliquer cette émotion.
Avec l’équipe de France, après le dernier match de qualification pour les Jeux Olympiques d’hiver de Pékin, en août 2021, une défaite d’un but en Lettonie… A 34 ans, c’était pour moi comme pour toute une génération de joueurs notre dernière chance de faire les JO. Ca fait 15 ans que je cours après ça (Antonin compte 245 sélections en Bleu, ndlr), ça m’a vraiment mis un coup au moral. Les Jeux, c’est ce qu’on regardait à la télé étant jeunes, le mec qui portait le drapeau pendant la cérémonie, l’ambiance et toutes les stars au village olympique… On voulait vivre ça, c’était notre rêve et le voir s’éteindre définitivement, ça a été très dur.
Mais je retiens aussi plein d’émotions positives, joyeuses, des titres et des grandes victoires, en club ou avec l’équipe de France. Je suis sur la fin maintenant donc il y en a quelques-unes!
9- Un autre sport passionnant, que tu aurais aimé pratiquer, que tu pratiques aussi peut-être?
Plusieurs ! Le basket d’abord. Dans mes souvenirs je partais à l’école avec un ballon de basket entre les mains. Plus tard, adolescent, je regardais beaucoup la NBA à la télé. Aujourd’hui, j’aime bien jouer au golf à Angers avec des coéquipiers. Je citerais aussi le beach-volley, un sport que j’adore et que j’aurais aimé pratiquer à haut niveau. J’ai essayé le roller-hockey également, deux matchs avec les Hawks il y a quelques mois, avant de resigner aux Ducs, mais ce n’est pas du tout le même feeling, pas la même glisse, pas les mêmes contacts… Je crois que ce n’est pas fait pour moi !
10- Un lieu important, un décor puissant dans ton histoire avec ton sport ?
Le lieu qui me revient souvent, devant lequel j’aime repasser, c’est ce petit parc dont je parlais dès la première question, rue de Courcelles dans le 17ème arrondissement de Paris. Lorsque j’étais enfant, j’y jouais au street-hockey avec deux amis, deux frères. C’était un petit enclos rectangulaire, bitumé, on posait deux cônes par terre, sans gardien, et on s’amusait comme ça pendant des heures.
Grâce au site référence Elite Prospects, retrouvez ici le parcours et le palmarès d’Antonin Manavian…