Jean-Claude Bruneau, un transmetteur d’émotions
#LesIndispensables - 25 avril 2023
Après plus de dix années de service à la présidence du Moto Club Angevin, Jean-Claude Bruneau a tiré sa révérence l’an dernier. Du haut de ses 68 ans, celui qui est la voix de la moto française a choisi de poursuivre sa passion à sa façon… Portrait d’un nouvel indispensable !
Texte : Axel Piotet
C’est de manière décontractée que Jean-Claude Bruneau s’assoit à la table. Les mains posées sur le bois, il est serein lorsque l’on aborde le sujet du club motorisé – le Moto Club Angevin – dont il n’est désormais plus président. «La transition se passe très bien. J’avais préparé des personnes pour assurer la succession». Un choix de quitter ce poste qu’il justifie par le besoin des autres de pouvoir s’exprimer: «Si ces gens-là ne se voyaient pas donner la possibilité d’exprimer leurs compétences, alors peut-être qu’à terme ils seraient partis». C’est donc à la suite de ce constat que l’homme laisse la présidence à son bras droit. De ses dix années, on retiendra un bilan plus que positif, avec une réelle incursion de l’association dans le paysage angevin.
«Il y a d’abord eu une augmentation étonnante du nombre d’adhérents. On a réussi à intégrer cette pratique et à la faire reconnaître comme un véritable sport. Nous avons organisé des événements assez prestigieux, tels que la remise des prix de la Fédération Française de Motocyclisme, ou encore des étapes du moto tour». Le groupe qui à ses débuts ne comptait que 6 membres est aujourd’hui une référence avec 80 unités. Une fin qui laissera tout de même un petit goût amer à Jean-Claude Bruneau, avec l’annulation du salon des sports mécaniques 2020 dû à la pandémie: «En 1978, j’ai organisé la première édition de ce salon. Lorsque le décret ministériel est sorti, tout était déjà prêt, cela a été un moment très frustrant et compliqué à surmonter, le moment le plus difficile de ma carrière».
«On a réussi à intégrer cette pratique et à la faire reconnaître comme un véritable sport»
Celui qui se trouve désormais derrière un micro n’était pourtant pas prédestiné au monde mécanique. Enfant de «paysans», comme il le dit, il a grandi dans une petite ferme à Saint-Sylvain d’Anjou. C’est son frère aîné qui va d’abord entrer dans ce monde. «Je me rappelle, j’étais au lycée, à la Baronnerie, et il m’emmenait à moto derrière lui, c’est comme ça que la passion, le virus, est rentré». Jean-Claude Bruneau va alors démarcher des financeurs pour devenir pilote. Il finira par trouver un baquet dans le side-car vitesse. Dans cette catégorie, il lâchera vite les commandes pour la place de passager. «Je pensais être pilote, puis j’ai constaté que je serais mieux au panier qu’au guidon», rit-il.
De cette première vie dans la moto il en ressort grandi: «Ca a été une expérience parfois douloureuse, j’ai eu des accidents, mais c’était une période géniale. Comme dans toutes séquences de vie, avec le temps on ne finit par retenir que le bon». Son histoire avec les deux roues ne s’arrête pourtant pas là. Recruté par une société œuvrant dans ce secteur, c’est en 1989 à Mérignac que tout bascule. A la suite d’un litige avec le commentateur habituel des courses, Jean-Claude Bruneau se retrouve un peu par hasard au micro, le dimanche, lors de la course. «Je prends le micro et ça a été comme une révélation, j’ai pris un plaisir immense à faire cela», déclare-t-il. Reconduit sur le week-end suivant, il va peu à peu s’imposer sur les circuits jusqu’à devenir la voix de ce sport.
Une vraie révélation en 1989 au micro, qui l’amène à devenir progressivement la voix de la moto française
Depuis ce fameux week-end, Jean-Claude Bruneau n’a plus lâché son micro, et cela fait maintenant 35 ans qu’il écume la France pour superposer sa voix à celle des moteurs vrombissants. Il suit son chemin selon un seul principe : la passion. «Je me définis comme un transmetteur d’émotions et je considère que l’on ne peut transmettre des émotions que si on en éprouve soi-même». Une exercice grâce auquel il n’arrête pas d’apprendre, vouant un profond respect à ceux qui le pratiquent. «Je connais la difficulté de l’exercice, je suis admirateur des commentateurs de football, de handball, même s’ils sont deux. Ça va vite, très vite. Quand j’écoutais ceux de la coupe du monde au Qatar, les commentateurs étaient capables de citer les joueurs de toutes les équipes parfaitement, je suis admiratif de ça».
A force de fréquenter comme cela les circuits et les pistes, il a à son tour donné le «virus» de la moto à son fils, avec qui il commente désormais certaines courses. C’est lui-même qui l’avait lancé. «On peut prendre du retard sur le planning et c’était le cas. II avait 14-15 ans, je lui ai demandé de passer les pubs. A l’époque on les lisait encore. Il le fait et moi je descends dans le paddock. Il s’en ai bien sorti et il prenait du plaisir à ça. Cela étant, il m’a remplacésur certaines courses». Une relève qui est donc assuré, et le monde de la moto qui n’est pas encore prêt à voir le nom Bruneau quitter les lieux.
Jean-Claude Bruneau accompagné de son fils à qui il a transmis le virus de la moto