Lisa Guillard, la marcheuse à suivre
#Association - 23 octobre 2023
Cette année, l’association a décidé de soutenir deux très jeunes athlètes, encore adolescents, dans la catégorie Performance. Comme Nathan Pilard, Lisa Guillard affiche un potentiel et une détermination hors du commun. Deux facteurs déterminants pour espérer briller sur les pistes d’athlétisme nationales et européennes, alors que sa discipline, la marche athlétique, reste très largement sous médiatisée.
Texte: Charles Dubré-Beduneau
Photos: Franck Potvin
Quand on entend parler d’athlétisme, ce sont souvent les mêmes disciplines qui reviennent: le sprint, les relais et la perche. Très peu les haies, le saut en hauteur et longueur, les lancers (poids, disque, javelot, marteau), et encore moins la marche. « La seule star française a été Yohann Diniz pendant des années. C’est vrai que c’est difficile à médiatiser car ce n’est pas spectaculaire, la technique est assez subtile (il faut garder les jambes tendues et toujours un pied au sol, NDLR). Mais on a une bonne génération avec une vraie densité et le niveau a augmenté ces dernières années », remarque Lisa, licenciée à l’Entente Angevine Athlétisme depuis juillet 2022.
Rupture d’un ligament croisé en février, 4e des championnats de France en juillet
Originaire de Rouen et actuellement élève en Terminale au lycée Bergson, la jeune marcheuse sort de deux saisons compliquées. « Il y a eu le déménagement de Rouen à Angers, le changement de club, deux changements d’entraîneurs, des maladies que j’ai traînées un peu tout l’hiver et surtout une rupture d’un ligament croisé du genou en février 2022 qui a freiné ma progression », relate l’adolescente. Dans cette épreuve, Lisa a montré toute sa persévérance et sa force mentale. « J’ai pris la décision de ne pas me faire opérer. Une semaine après l’accident, j’étais de retour sur la piste pour faire du renforcement musculaire. Je continuais en parallèle les séances de kiné. Fin juin, j’ai repris la compétition et lors de mon premier 5 000 m, je me suis qualifiée pour les championnats de France. Mi-juillet, soit moins de cinq mois après mon accident, j’ai terminé 4e des championnats de France. J’étais un peu déçue, mais c’était tout de même inespéré ! » Une réaction qui n’a pas surpris son papa, ancien footballeur amateur. « Lisa est passionnée par l’athlétisme et la marche en particulier. Elle est sérieuse dans tout ce qu’elle fait, sur la piste comme à l’école, et surtout très volontaire, très déterminée. Elle ne lâche jamais. À une époque avec sa maman on devait même la freiner un peu ! Maintenant elle est plus mature donc elle sait gérer. Mais elle reste très exigeante avec elle-même et avec les autres, y compris son coach. »
« J’ai l’impression de flotter au-dessus de la piste »
Son coach, justement, est à distance. Car Aymeric Lacombe est aussi et surtout l’entraîneur du Pôle espoirs d’Orléans. « On échange régulièrement et on se voit une fois par mois. Ce n’est pas idéal mais ça fonctionne plutôt bien. Il n’y a pas beaucoup d’entraineurs de marche athlétique en France. Souvent ce sont d’anciens marcheurs qui s’improvisent coachs mais sans avoir la formation donc ils ne sont pas toujours capables de construire des séances et des plannings d’entrainements adéquat », explique Lisa. Une situation à laquelle elle a du s’adapter mais qui n’a altéré ni sa passion pour la marche ni son envie de progresser. « J’ai commencé l’athlétisme à six ans. Comme tout le monde, les premières années j’ai testé un peu toutes les disciplines (sauts, sprint, lancer…). Beaucoup m’intéressaient mais la technique de la marche athlétique m’attirait. J’ai l’impression de flotter au-dessus de la piste. C’est plus doux que les autres disciplines pour le corps, il n’y a pas de chocs. Mes résultats m’ont permis d’atteindre assez rapidement le niveau national. C’est donc vers cette spécialité que je me suis tournée à 15 ans. » Ses premiers résultats sur 3 000 et 5 000 m laissent en effet entrevoir un beau potentiel: 4e à la coupe de France des 20 minutes à l’automne 2021, 2e à la coupe de France des 30 minutes à l’automne 2022, 4e aux championnats de France en salle pendant l’hiver 2022 et 2023, en extérieur à l’été 2022. Elle aimerait évidemment faire baisser ses chronos pour marcher le 3 000 en 14 minutes et le 5 000 en 25 minutes.
Passage à 10 000 m en compétition
La transition en junior implique un allongement des distances en compétition, notamment le passage à 10 000 m sur piste l’été. Lisa va donc augmenter le volume de ses entraînements. « Je participerai à un nombre limité de compétitions mais ma saison sera marquée par un suivi régulier avec mon entraineur, des entraînements adaptés en fonction de mon état de forme et de mes objectifs. Les rendez-vous importants de ma saison seront les championnats de France hivernaux (mi-février) et estivaux (mi-juillet) et certains meeting sélectionnés. À plus long terme, mon but est de connaître une sélection en équipe de France. »
L’association pourra notamment aider Lisa à étoffer son staff. Inscrite sur liste ministérielle espoir, elle bénéficie d’un suivi médical au CHU d’Angers, mais elle aimerait trouver un(e) psychologue capable de l’aider à progresser sur le plan mental et un(e) spécialiste des massages pour favoriser la récupération. Après deux saisons de galères, et bien qu’elle ne bénéficie pas d’un emploi du temps aménagé, Lisa est plus que prête à reprendre sa marche en avant. « Je me sens très bien à Angers et dans mon club. Ma passion pour l’athlétisme est toujours aussi forte et être lauréate de La Dalle Angevine me motive encore plus pour atteindre mes objectifs, tant scolaires que sportifs. » Elle connaît la marche à suivre pour y arriver.
Après deux saisons perturbées par une blessure et des maladies, Lisa est déterminée à devenir une des meilleures marcheuses françaises chez les juniors.
Retrouvez le premier portrait de nos lauréats 2023 déjà en ligne: Nathan Pilard.