#4 L’olympisme à Voltaire
Des CE2 de Monplaisir initiés à l’olympisme
Toutes les deux grandes passionnées de sport, Estelle Lami et Manon Bellanger, institutrices à l’école primaire Voltaire, qui fait partie du réseau d’éducation prioritaire dans le quartier Monplaisir, ont décidé de profiter des Jeux de Paris 2024 pour faire découvrir à leurs deux classes de CE2 les bienfaits du sport et quelques disciplines olympiques et paralympiques.
Texte: Charles Dubré-Beduneau
Photos: Franck Potvin
Organiser des Jeux Olympiques et Paralympiques représente évidemment un coût énorme. Mais cet événement mythique est aussi une fabuleuse source d’inspiration pour de nombreux projets, auprès de tous les publics. « Nous sommes personnellement convaincues des valeurs apportées par le sport et de ses bienfaits. Nous voulons transmettre cela à nos élèves, qui sont majoritairement issus de milieux populaires et qui connaissent peu des sports tels que la gymnastique avec agrès, l’escrime, le tennis, le break dance, l’escalade… Il est important pour nous dans notre pratique professionnelle et dans un principe d’égalité des chances de permettre à nos élèves de découvrir la diversité des sports », soulignent Estelle Lami et Manon Bellanger, collègues à l’école primaire Voltaire, et respectivement adeptes de course à pied (trail) et de basket. Faciliter l’accès à la pratique sportive pour toutes et tous, quel que soit son milieu social ou ses aptitudes physiques et mentales, est un enjeu fort défendu depuis sa création par l’association. Il s’agit en effet du septième projet Sociétal soutenu par La Dalle Angevine depuis la première édition de l’Appel à Projets Sportifs en 2017.
La rénovation de Monplaisir, un facteur décisif
Le quartier Monplaisir fait actuellement l’objet d’une importante opération de rénovation, qui a des conséquences sur les quelques 200 élèves de l’école Voltaire. « La cour de récréation a été réduite depuis l’année dernière à cause des travaux. Or nos élèves ont un besoin vital de courir, de se dépenser pour s’aérer l’esprit. Nous nous sommes dit qu’il fallait absolument que l’on trouve un moyen pour leur permettre de bouger hors de l’école », expliquent les deux institutrices. Leur projet: faire travailler leurs deux classes de CE2 (37 élèves) autour des valeurs du sport et de l’olympisme et les initier à des sports variés qu’ils n’ont pas l’habitude de pratiquer car peu accessibles pour eux, faute notamment de structure et de matériel.
Les clubs angevins jouent le jeu
Plusieurs clubs angevins (l’ATC, Studio Dance 49, Angers Gymnastique, le SCO Escrime, Angers Nautique Aviron ou encore la salle Climb Up) ont accepté de jouer le jeu et d’accueillir les élèves le mardi matin. Ces derniers testeront chaque sport pendant cinq séances. « C’est un peu plus que de la simple découverte même si ça passe vite. C’est surtout l’occasion pour nos élèves de sortir du quartier et de découvrir d’autres structures auxquelles ils n’auraient jamais eu accès autrement. On a commencé avec le tennis à l’ATC et l’accueil a été formidable. Les élèves ont le sourire, ils sont motivés d’y aller. On sollicite aussi beaucoup les parents pour ces sorties et c’est chouette parce qu’ils voient leurs enfants, et nous aussi, dans un autre cadre », se réjouissent Estelle et Manon, qui aimeraient aussi faire découvrir à leurs élèves des disciplines handisport un peu plus tard dans l’année.
« Evoquer des Jeux va au-delà du sport, c’est une vraie ouverture culturelle »
La découverte de ces sports permet de mettre en avant certaines valeurs et de déconstruire certaines clichés tels que « le foot ce n’est pas pour les filles » ou « la danse et la gym ce n’est pas pour les garçons ». « On travaille sur le respect des autres (coéquipiers, adversaires, arbitre) et des règles du jeu, apprendre à savoir perdre, le goût de l’effort, le dépassement de soi, l’égalité filles-garçons… Par exemple, l’escalade sera super pour travailler sur la confiance en soi et la coopération. » De retour en classe, la thématique du sport et des Jeux reste présente dans toutes les matières. « En science on travaille sur le cerveau, le sommeil, les écrans… et ils ont bien compris l’importance de pratiquer une activité physique pour être en bonne santé. On a fait de l’histoire et de la géographie en retraçant les origines des Jeux depuis l’Antiquité, en distinguant les différents continents, pays et villes hôtes au fil des années et en expliquant la signification des anneaux olympiques. Evoquer les Jeux va au-delà du sport, c’est une vraie ouverture culturelle. Et en tant qu’enseignants ça fait aussi du bien d’aborder les matières différemment. »
Une rencontre avec une Dalleuse ou un Dalleux ?
Estelle et Manon, qui « ne s’attendaient pas du tout » à ce que leur projet soit lauréat, espèrent que l’association pourra notamment les aider à organiser une rencontre avec une Dalleuse ou un Dalleux qui témoignerait de son expérience olympique ou paralympique. « Ça serait un moment fort pour les élèves. Le passage de la flamme à Angers sera aussi un grand événement, très symbolique, auquel on aimerait beaucoup participer, d’une manière ou d’une autre. » En attendant ce qui serait sans nul doute une belle conclusion à ce projet, les deux institutrices ne ménagent pas leurs efforts pour transmettre la passion du sport à leurs élèves. Et c’est d’ores et déjà une réussite.