#3 Jeanne Charruault
La double ambition de Jeanne Charruault
#LaDalleAngevine vous présente les 6 lauréats de son Appel à Projets Sportifs 2022-2023… Troisième épisode avec Jeanne Charruault, sprinteuse licenciée au SCO Angers Athtlé. Après une coupure pour passer sa première année de médecine, elle est revenue en force sur les pistes cet été. Et ambitionne d’intégrer le relais 4×100 m français pour les Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028 !
Texte : Charles Dubré-Beduneau
Photos : Franck Potvin
L’association #LaDalleAngevine a choisi cette année de soutenir plusieurs jeunes athlètes avec un double projet études-performance. C’est le cas de Jeanne Charruault, 21 ans. La sprinteuse du SCO Angers Athlé vient d’attaquer sa troisième année de médecine sur le campus de Nantes. Pour y parvenir, elle a dû faire une croix sur le sport pendant deux ans. «J’ai décidé de couper à partir de juillet 2019 pour préparer ma première année. Je révisais onze heures par jour, mais ça n’a pas suffi: j’ai redoublé. Ça a été une claque, le premier vrai échec de ma vie», analyse la jeune femme. Un échec certes, mais dont elle se sert pour mieux rebondir l’année suivante puisqu’elle valide finalement brillamment sa première année en terminant 6e sur 600.
En septembre 2021, elle réintègre le Pôle Espoirs de Nantes. «Richard (Cursaz, son entraîneur) m’avait gardé une place dans son groupe. Retrouver la piste, un stade, Richard et les copains d’entraînement, ça m’a fait vraiment du bien !» Une vilaine blessure aux ischios l’hiver dernier l’oblige à repousser son retour à la compétition. «J’ai repris en douceur mais le physique n’est pas revenu aussi vite que l’envie.» Elle ne tarde cependant pas à retrouver son niveau. En mai dernier, Jeanne passe pour la première fois sous les 12 secondes sur 100 m (11’97), performance qui lui ouvre les portes d’une première participation aux championnats de France élite. «C’était deux belles surprises. Après deux ans d’arrêt je ne m’attendais pas à ça.»
Huit ans de gym avant l’athlé
À l’image d’Amandine Brossier, arrivée tardivement sur les pistes après des années de basket, Jeanne Charruault a commencé son parcours sportif par huit ans de gymnastique avant de découvrir l’athlé au collège Clément-Janequin, à Avrillé. «Je dis souvent que je n’ai pas choisi le sprint mais c’est le sprint qui m’a choisi. Une de mes deux soeurs faisait de l’athlé et m’a encouragé à la rejoindre. L’adrénaline, la vitesse pure du sprint m’ont tout de suite plu et ça allait bien avec ma physiologie puissante. J’ai été championne de France UNSS en 3e et en Seconde j’ai intégré la section sport-études du lycée La Collinière à Nantes. Pendant trois ans j’ai participé à de nombreux championnats de France et des compétitions internationales sur 60 et 100 m.»
11’70 sur 100 mètres cette saison ?
Très puissante au départ et donc performante sur 60 m, Jeanne sait qu’elle possède une marge de progression sur 100 m. «J’ai toujours eu un petit blocage sur 100 m. Je travaille dessus, notamment pour continuer à créer de la vitesse sur les 40 derniers mètres.» Son objectif cette saison est de faire descendre le chrono autour des 11’70 et de retourner aux championnats de France élite (en salle en février et sur piste l’été prochain). Déjà bien entourée au sein du Pôle de Nantes (kiné, ostéo, nutritionniste, psychologue…), elle va cette saison aussi pouvoir compter sur le soutien de l’association. «En tant qu’Angevine d’origine, je suis très heureuse d’intégrer la famille de la Dalle. C’est hyper important de se sentir soutenue et bien entourée pour performer. J’ai hâte d’échanger avec les lauréats actuels et passés, de rencontrer des sportifs d’autres disciplines pour apprendre de leurs expériences.»
Objectif Los Angeles 2028 avec le relais
Dès la catégorie minime, Jeanne rêvait de Paris 2024. Mais son choix de privilégier ses études pendant deux ans l’a poussé à revoir ses ambitions. «J’ai pris du recul, j’ai beaucoup réfléchi. Je vise désormais les Jeux de Los Angeles 2028. Ma meilleure chance d’y participer serait d’intégrer le relais 4×100 m. J’en faisais beaucoup au collège et c’est quelque chose que j’adore. Mon coach, qui s’occupe du relais 4×100 masculin de l’équipe de France, dit souvent que l’athlé est «un sport individuel à progression collective». C’est tellement vrai.»
Mener de front études et sport de haut niveau n’est jamais simple, encore moins en médecine. La jeune femme, très exigeante avec elle-même, aimerait suivre les brillantes trajectoires de Gabriel Bordier (double champion de France du 10 000 m marche) ou Margot Chevrier (championne de France de perche). Elle reconnaît devoir gérer un peu de stress au quotidien. Mais une fois sur la piste, ce stress s’envole. «La course me permet d’évacuer le stress des études et m’apporte un équilibre indispensable. Je ne me verrais pas vivre autrement.» En blouse blanche ou avec des pointes aux pieds, Jeanne se donne les moyens de ses ambitions.
Article publié le 5 octobre 2022