#5 Jules Houel
Jules Houel ou l'éloge de la curiosité
#LaDalleAngevine vous présente les 6 lauréats de son Appel à Projets Sportifs 2022-2023. Cinquième épisode avec Jules Houel, céiste de 17 ans licencié à l’ESACK et qui ambitionne cette année une première expérience avec l’équipe de France Juniors. Rencontre.
Texte : Valentin Deudon
Photos : Franck Potvin
La curiosité n’est pas un vilain défaut. Elle est une chance pour qui en fait preuve à bon escient. Elle semble même indispensable au bagage de tout athlète de haut niveau ; ces personnages fascinants qui s’interrogent, étudient et pensent leur discipline au-delà de sa simple pratique, pour mieux la vivre et progresser encore. Jules Houel fait partie de ceux-là, sans aucun doute. On aurait presque envie de dire, de manière un peu hâtive à ce stade de l’article comme de son parcours, que c’est cette curiosité naturelle qui va lui permettre d’aller loin, au plus loin de lui-même en tout cas, ce qui serait déjà un immense exploit à accomplir.
Car Jules, 17 ans, en classe de Terminale et pensionnaire du Pôle Espoirs Canoë-Kayak de Tours, est un jeune homme cérébral qui «intellectualise» son sport. Il adore être sur l’eau dans sa machine, mais aime également tout ce qui entoure ces instants: «Se préparer mentalement, élaborer une stratégie, débriefer avec les coachs, comparer les chronos…». En bon passionné, il observe aussi ses semblables avec acuité: «Il n’y a pas un seul modèle, j’aime regarder tout le monde, les coups de pagaie, les manières de faire. On peut piocher partout, chez les petits gabarits comme moi qui m’intéressent plus, mais aussi chez d’autres, d’autres sportifs».
Objectif équipe de France Juniors cette saison
Alors, parler de son sport devient un vrai enjeu, une mission ; le défendre, le valoriser, ne pas le réduire à «des gros bras qui bourrinent» sans réfléchir: «C’est une discipline complète, très technique contrairement à ce qu’on pourrait penser». Justement, parmi toutes les disciplines du kayak, quelle est sa spécialité ? «La course en ligne sur un canoë, à califourchon, en ne ramant que d’un côté, sur 500 ou 1000m, en mono ou biplace». Une position exigeante et asymétrique qu’il a rapidement choisi d’apprivoiser: «A 3 ans, j’étais déjà sur un bateau», explique celui dont le papa fut longtemps président du club de Tiercé. «J’ai commencé en club à 7 ans, puis à 12 j’ai choisi le canoë».
Depuis, il enchaîne les perfs, ne cesse de progresser, rejoint le Pôle Espoirs en 2020, découvre le niveau international avec les Olympic Hopes, et récolte en 2022 deux médailles d’argent aux championnats de France Juniors, sur 500m mais aussi sur une distance de fond qu’il affectionne, le 5000m. Une année charnière en termes de résultats et de professionnalisation, lui autorisant désormais à voir plus haut: «J’ai pour objectif l’équipe de France Juniors, pour disputer l’été prochain les championnats d’Europe et du Monde de la catégorie, et y faire des finales». Pour cela, il faudra réussir les sélections organisées par la Fédération en mars et avril, des étapes décisives dans sa saison.
«Je suis dans un sport peu médiatisé, peu rémunéré, donc il ne faut pas négliger les études»
En attendant, le natif d’Angers licencié à l’ESACK depuis 2 ans continue de s’entrainer fort, 12 à 14 heures par semaine, tout en construisant un projet global à long terme, la tête bien sur les épaules et avec une maturité étonnante: «Je suis dans un sport peu médiatisé, peu sponsorisé, peu rémunéré, donc il faut faire attention et ne pas négliger les études». Lesquelles priorise-t-il à l’issue du bac en juin prochain ? «Je me vois bien dans un métier lié à l’environnement. Mais je suis curieux de beaucoup de choses, donc pourquoi pas de la psycho, ou bien kiné. J’y réfléchis. Ce qui est certain, c’est que je veux en parallèle poursuivre mon sport à haut niveau».
La suite se passera donc soit au Pôle de Vaires-sur-Marne, comme une certaine Vanina Paoletti, athlète de la Team Angers Sport avec laquelle Jules a l’habitude d’échanger ; soit avec un entraîneur spécifique au sein du club, ici à Angers, au Lac de Maine. Un lieu où il possède depuis peu son canoë. Un investissement auquel l’association #LaDalleAngevine participera dans le cadre de l’accompagnement en tant que lauréat: «C’était important d’avoir le même type d’outil pour m’entraîner quand je suis ici, car celui de compétition reste à Tours». Un beau bateau rouge profilé, léger, sur lequel il pourra éprouver ce qu’il aime tant dans le canoë: «Cette sensation de glisse et d’avancement, mais aussi le dépassement de soi, se faire un peu mal».
Article publié le 26 octobre 2022
Jules Houel sur les installations du Lac de Maine à Angers où il aime s'entraîner le week-end