#6 Le football adapté
Le football adapté arrive à Angers
#LaDalleAngevine vous présente les 6 lauréats de son Appel à Projets Sportifs 2022-2023… Sixième et dernier épisode avec l’association Espérance pour la création d’une section de football adapté, destinée aux personnes en situation de handicap mental et/ou psychique.
Texte : Thomas Charrier
Photos : Franck Potvin
L’impact du sport dans le développement sociétal n’est plus à démontrer. Il peut se distinguer de différentes manières, tant sur le plan écologique qu’éducatif ; mais aussi être vecteur de mixité et d’inclusion. Telle est la vocation du lauréat que nous vous présentons ici. Et son nom en est une parfaite illustration : l’association Espérance.
Basée dans le quartier angevin de la Croix Blanche, cette structure porte des valeurs fortes: le partage, la passion et le vivre-ensemble. Depuis 1976, elle «propose des loisirs sportifs et culturels aux personnes vivant avec un handicap intellectuel et/ou des troubles psychiques», détaillent Sandy Bouleau et Jean Virfollet, encadrants pour l’association. Mais depuis peu, elle souhaite «se réorienter totalement vers le milieu sportif dans le cadre de ses activités hebdomadaires». Ainsi, un partenariat a vu le jour cette saison avec le club de la Croix Blanche, afin de créer une section de football adapté. Une discipline qui se pratique par équipes de 7, et abrite différentes catégories selon les types de handicaps.
L’association Espérance et la Croix Blanche Angers : deux modèles en matière d’inclusion
Qui de mieux que le club de la Croix Blanche Angers Football pour incarner les valeurs prônées par l’association Espérance ? En matière d’inclusion, le club est une référence sur le territoire. Il abrite une section cécifoot – le football pour les non ou malvoyants ; une section dite d’inclusion sociale en partenariat avec Soli’sport Anjou ; toutes les deux coordonnées par Valentin Rey, le responsable technique du club.
L’an dernier, il encadre des joueurs sans domicile fixe, d’autres issus de l’immigration ou bien des joueurs atteints de déficiences intellectuelles. Il observe que ces derniers «ne vont pas au bout des séances et lâchent l’affaire». Le coach a une explication à cela: selon lui, «l’encadrement pédagogique ne peut se faire au même rythme selon les situations de chacun, car les attentes ne sont pas les mêmes». Partant de ce constat, il se met en tête d’ouvrir une section de football adapté au sein de sa structure et de lui dédier un créneau d’entrainement, « pour ne pas les perdre». C’est alors qu’il contacte le Comité Départemental de Sport Adapté, à qui il expose son idée.
«Ouvrir le regard sur le handicap et inclure les adhérents dans la vie d’un club sportif»
Par le biais d’Adèle Hérault, agent de développement au Comité, le contact est noué avec l’association Espérance. Le feeling passe immédiatement avec Jean, l’éducateur APA-S (activités physiques adaptées dans le sport) de l’asso et Valentin, le responsable technique du club. D’abord sur le plan humain, puis sur leur approche du sport – du football – comme vecteur de cohésion sociale. Jean apprend à Valentin comment gérer le groupe dont ils ont la charge. Valentin guide Jean dans la mise place sportive. Et, cerise sur le gâteau, leurs besoins sont complémentaires : «Jean avait le public mais pas de terrain. Moi, je n’avais pas de public, mais j’avais le terrain», se réjouit Valentin.
Dans le courant du mois de juin, le projet est officialisé, jusqu’à la signature de la convention entre les deux entités il y a quelques jours. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les deux hommes «sont agréablement surpris» par le démarrage des séances. Leur première idée était «d’ouvrir une porte», en créant la première section de football adapté en plein air de la région – une section futsal existe déjà. Ils ne s’étaient fixé aucun objectif en termes de nombre, à tel point qu’ils s’attendaient «à avoir trois ou quatre personnes. Aujourd’hui, nous avons dix à douze joueurs». Les débuts sont donc réussis et leur permettent d’envisager l’avenir sereinement, avec l’envie «de construire un groupe, le fidéliser en renforçant le sentiment d’appartenance au club, en leur fournissant tout le paquetage d’un joueur de La Croix Blanche».
Dix à douze joueurs à l’entraînement chaque mardi au stade de l’Arceau
Tous les mardis, Ludovic, Kyllian, Zezva, Maxime, Killian, Sylvain et Daniel ont rendez-vous sur la pelouse du stade de l’Arceau pour jouer au football ensemble. Tous «ont envie de marquer des buts» alors, avant le début de la séance, ils s’adonnent à quelques frappes en direction de Sylvain, préposé au poste de gardien. Jean leur propose une séance structurée avec d’abord trois ateliers «pour travailler la motricité». Chaque exercice se termine par une frappe. Zezva et son maillot du PSG chambre Sylvain, supporter de Marseille. Jean veille au respect et canalise les deux amis.
Puis place au match. L’aire de jeu est délimitée par des cônes. C’est Jean qui fait les équipes. Les contacts sont parfois rudes mais il y a des encouragements, de l’entraide. Kyllian frappe les corners, Sylvain brille par ses arrêts et Zezva encourage ses copains. Le score final n’a pas d’importance. L’entrainement s’achève sur une séance de tirs aux buts, lors de laquelle on observe chez certains la gestuelle particulière de Neymar, pour d’autres la célébration de Cristiano Ronaldo.
Dans quelques mois, la bande de copains sera mobilisée au stade de l’Arceau pour l’organisation et l’encadrement de la finale régionale de la Ligue des Pays de Loire de football adapté. Ce sera l’occasion de voir comment se déroule une journée complète de football, comme le dit Valentin: «L’objectif est qu’ils se rendent compte des contraintes organisationnelles d’un match de football, comme le fléchage sur le site ou l’arbitrage. Cette journée viendra valoriser le travail fait dans l’année». Pour l’association Espérance, cette initiative «permettra d’ouvrir le regard sur le handicap et d’inclure les adhérents dans la vie d’un club sportif». Une sollicitation individuelle pour un engagement collectif, qui récompensera les footballeurs en herbe. En attendant, un jour, de fouler la pelouse en tant qu’équipe dans un match amical.
Article publié le 1er novembre 2022