Florian Hardy : “J’ai besoin d’être dans ma bulle”
09 mars 2020
#MadeInAngers. Dernier rempart et véritable forteresse des cages angevines, Florian Hardy est incontestablement le chouchou de l’IceParc. Après une saison régulière quasi-parfaite avec les Ducs d’Angers, le gardien angevin a parfaitement débuté les playoffs. À l’approche de la demi-finale tant attendue face aux Dragons de Rouen, nous avons rencontré celui que l’on surnomme “Hardynator”.
Par Théo Bariller-Krine & Thomas Moreau
Crédit Photo : Théo BK
“La pression était un peu plus grande cette année avec ce nouveau complexe »
Cette saison 2019-2020 restera forcément historique. Dotés d’une nouvelle patinoire pouvant accueillir jusqu’à 3 500 personnes, les Ducs sont entrés dans une nouvelle dimension : « Ce fut beaucoup d’émotions. La pression était un peu plus grande cette année avec ce nouveau complexe, le club et le staff voulaient bien faire. On a commencé par un match d’ouverture contre Rouen à guichets fermés avec un gros spectacle, un super événement pour le sport angevin ».
Ce changement de patinoire était attendu. Une ouverture à l’heure, qui a permis de créer du lien pour Florian : « Le timing était juste pour le premier match, heureusement tout le monde a bossé comme des fous pour que tout soit prêt. Au début, c‘était irréel d’avoir une aussi belle patinoire. Enchaîner des supers matchs avec des bons résultats d’entrée, a permis de créer du lien entre l’équipe, le lieu, le public », raconte l’Angevin.
Une saison régulière à suspense, un quart de final maîtrisé
Après avoir longuement bataillé avec Rouen et Amiens pour la deuxième place en saison régulière, les Ducs ont sèchement balayé les Boxers de Bordeaux en quart de final des playoffs (quatre victoires à zéro). Une série maîtrisée qui ne surprend pas le n°49 angevin : « La série s’est jouée lors des deux premiers matchs que nous avons gagné à l’IceParc, on leur a fait mal mentalement. Je pense qu’ils s’étaient dit “il faut absolument prendre un match chez eux”. Le troisième match a tourné en notre faveur puisqu’on a eu un petit coup du pouce du destin (des poteaux, un peu de réussite…) mais il aurait aussi pu tourner de leur côté. À 3-0, je pense qu’ils se sont dits qu’ils n’arriveraient pas à revenir. Ils n’ont rien lâché, c’est une équipe vraiment très courageuse, ils ne nous ont pas donné un match facile. Mais de notre côté, nous sommes montés en puissance tout au long de la série. »
Un message fort envoyé aux Dragons de Rouen : “Je ne sais pas si nous allons faire peur à Rouen, mais ils vont nous craindre quand même”, assure-t-il.
“On a réussi à passer en mode playoffs”
La saisons dernière, les playoffs s’étaient brutalement arrêtés au Haras, lors du match 5 face à Gap. Mais cette année, le gardien des bleus et rouges reconnaît qu’un cap a été passé : “En quelques jours, il faut se remettre à zéro et repartir deux fois plus fort, mais une saison dans les jambes… On a appris de nos erreurs de l’année passée. À partir du moment où l’on veut gagner le Championnat de France, on sait qui on doit battre. Ce n’est pas la première série que l’on fait contre Rouen, on a l’habitude de les jouer. On sait ce qu’ils valent. Pas de complexe, nous n’avons pas peur. On a juste hâte que ça commence.”
Et concernant l’ambiance de la patinoire, le public angevin peut encore mieux faire selon lui : “Pour être totalement franc j’ai trouvé que le premier match était vraiment froid. Et puis petit à petit, c’est monté, notamment sur le deuxième match. Beaucoup d’Angevins ont découvert le hockey sur glace cette année. C’est d’abord à nous de donner du spectacle. L’engouement qu’il y a cette année et le plaisir mutuel que l’on se donne entre public et joueurs, c’est top.”
Un défi palpitant, une préparation inchangée
Comment aborde-t-on une demi-finale de Ligue Magnus, face aux Dragons de Rouen ? Cette série sous tension n’impact aucunement la préparation de la muraille Hardy : “Cela ne change rien. Que ce soit Rouen ou Grenoble. L’analyse reste la même : tu fais de l’analyse vidéo, tu travailles tes points faibles personnels, les systèmes que l’autre équipe va faire. Tu prends ça étape par étape, calmement pour être prêt le jour J.”
Être gardien de but, c’est voir l’ensemble du jeu. De longues minutes sans bouger, mais une attention constante. Un poste forcément particulier : “Je me concentre sur ce que j’ai à faire. Le reste ne m’appartient pas. Quand tu fais un sport collectif, tu te reposes aussi sur les autres. Chacun s’appuie les uns sur les autres. Quand l’équipe va moins bien, c’est à moi d’essayer d’aller mieux. Et quand moi je vais moins bien, c’est l’équipe qui va monter d’un cran, pour essayer de me sauver. C’est toute l’osmose qui peut régner dans un collectif.”
Des capacités hors-normes, un poste atypique
Être le dernier rempart d’une équipe, c’est beaucoup de responsabilités. C’est aussi un rôle clé pour la défense : “Je communique beaucoup en phase défensive. Moins en phase offensive car mes coéquipiers sont loin, ils ne m’entendent pas. J’essaye de donner des indications que mes défenseurs ne voit pas forcément par rapport à comment ils sont positionnés et situés. C’est leur dire s’ils sont dos au jeu, s’ils ont le temps ou pas, quel jeu est ouvert ou ne l’est pas. C’est uniquement en anglais. Parce qu’à la vitesse où ça va, tu n’as pas le temps de savoir si le joueur est français ou pas, pour switcher de langue. Après ce sont des mots simples. C’est un dialogue qui est assez commun à toutes les équipes. C’est un langage commun au hockey sur glace.”
Florian Hardy en 2019-2020, c’est 91% d’arrêts et cinq blanchissages (aucun but encaissé) en saison régulière. Un statut de leader assumé, même s’il garde une certaine discrétion : “J’essaye de parler avec les jeunes. Je ne suis pas du genre à me lever et à dire les quatre vérités. J’essaye d’aller parler : avec un jeune quand je vois qu’il se sent moins bien, mais un aussi avec un « vieux » quand il est moins bien. J’essaye d’observer un peu ce qu’il se passe dans le groupe et de savoir qui a besoin qu’on lui parle ou qu’on ne lui parle pas. Mais il y a des fois où je peux aussi péter les plombs pendant un match, je peux être parfois caractériel quand ça ne va pas. Mais en règle générale, pendant un match, je suis quand même beaucoup plus renfermé de part le poste que j’occupe. J’ai besoin d’être dans ma bulle et d’avoir ma concentration. J’ai vraiment besoin de me recentrer sur moi-même.”
Une bulle de concentration indispensable pour ne laisser aucune faille visible aux adversaires. Arrêter un palet lancé à plus de 150 km/h, ce n’est pas donné à tout le monde. L’ancien joueur de Munich bénéficie d’une préparation très spécifique : “Je pense que chaque gardien est particulier, avec ses qualités particulières. C’est un sport qui va vite. Tout peut se passer en un dixième de seconde et si la concentration est ailleurs, à essayer de m’occuper de quelqu’un d’autre, de motiver quelqu’un… J’ai une fraction de seconde pour réagir et pendant 60 minutes, tu ne sais pas à quel moment ça va se passer.”
Selon les situations, notre Dalleux s’en remet à ses réflexes uniques : “Sur une frappe claire, je vois le palet du début à la fin. Mais quand les adversaires se mettent devant moi, je perds le palet de vue et je le retrouve à la fin. Pour ça, tu vas un peu calculer la trajectoire qu’il allait prendre pour arriver au bon endroit et l’arrêter. Sinon par moment, ce sont des purs réflexes. Je regarde la position de la crosse du tireur, et j’anticipe.”
“Les gars pensent d’abord au collectif avant de penser à eux”
Avec une telle saison régulière, l’ambiance du groupe est évidemment de qualité : “La particularité à Angers, c’est que le groupe a toujours été une priorité depuis quinze ans. Quand je suis arrivé à vingt ans, il y avait déjà un super esprit de groupe. J’ai fait d’autres clubs et c’est vrai qu’Angers a la particularité de garder cette culture de groupe important. Cette année, les recrues qui sont arrivées sont vraiment superbes. Ce sont des super gars, il n’y a pas plus simple à dire. Les gars sont là pour le groupe, ils pensent d’abord au collectif avant de penser à eux et donc on s’entend tous super bien. On a un objectif fort et commun, on va tous dans le même sens donc l’ambiance est vraiment bonne et saine.”