Pauline Bernard: “Un rêve qui se réalise”
27 septembre 2021
#MadeInAngers. Pauline Bernard et ses coéquipières de l’équipe de France de roller hockey ont marqué l’histoire de leur sport le 13 septembre dernier à Roccaraso, en Italie, en décrochant leur premier titre mondial. Un exploit énorme pour une discipline sous médiatisée et qui n’est (pour l’instant) pas présente aux Jeux Olympiques.
Par Charles DUBRÉ-BEDUNEAU
Photos: World Skate
En avril 2019 on vous parlait d’une dalleuse du roller hockey qui aspirait à briller sur la scène internationale avec l’équipe de France. Et bien il y a dix jours, aux championnats du monde en Italie (initialement prévus en Colombie cet été mais repoussés et délocalisés à cause de la pandémie), Pauline Bernard a réalisé son rêve. Les Bleues ont réalisé un parcours magnifique avec sept victoires en autant de matchs, un seul but encaissé et à l’arrivée leur tout premier titre mondial. “C’est incroyable, confie Pauline, encore sur un nuage une semaine après ce sacre historique. Entendre la Marseillaise avec la médaille d’or autour du cou, ça donne des frissons. On a fêté le titre sur le terrain juste après la finale, puis dans le vestiaire mais on ne réalisait pas vraiment. C’est quand j’ai finalement regardé mon portable que j’ai plus pris conscience de ce qu’on avait fait: j’avais des tas de messages de félicitations, même de personnes que je ne connaissais pas. Mon téléphone n’a jamais autant vibré !”
Les Américaines balayées 5-0
Pourtant, l’équipe de France ne partait pas forcément favorite dans ce tournoi rassemblant dix nations. “Notre meilleur résultat était une médaille de bronze (en 2009, N.D.L.R), rappelle Pauline. On avait fait 7e aux deux derniers mondiaux. Les Américaines et les Espagnoles étaient favorites, nous on visait le top 4. La fédération nous a donné plus de moyens cette année pour qu’on se prépare bien: on a fait sept stages, deux matchs amicaux contre l’Italie et surtout tout le monde s’est investi dans la préparation physique. Je pense que c’est ce qui a fait la différence cette année. C’est important car aux mondiaux on joue sur une surface beaucoup plus grande (en l’occurence à Roccaraso une patinoire déglacée de 60m de long sur 30m de large, alors que la salle des Hawks d’Angers par exemple fait 40m x 20m, N.D.L.R.) et le jeu international est beaucoup plus rugueux qu’en France. Il y avait une super ambiance dans le groupe dès les stages de préparation, une concurrence saine. Notre victoire 5-0 en poule face aux Américaines, triple tenante du titre, nous a donné beaucoup de confiance et “facilité” le chemin vers la finale. On ne fait pas un super match en quarts de finale face à l’Argentine mais on gère bien (victoire 3-1). En finale, l’Espagne confisque le palet mais on reste hyper solidaires en défense. Notre but à une seconde de la fin de la première mi-temps leur fait mal. Et heureusement pour nous on avait une muraille devant le filet (Marion Mousseaux, élue meilleure gardienne du tournoi, N.D.L.R.)“
19 ans et déjà un rôle de leader
À seulement 19 ans, Pauline disputait déjà ses troisièmes mondiaux. Elle s’est vue confier de nouvelles responsabilités par le staff tricolore en étant nommée assistant-capitaine et n’a pas déçu puisqu’elle termine 5e meilleure buteuse de la compétition. “C’était la première fois que j’avais un peu un rôle de leader. Les compétitions internationales m’ont permis de prendre plus confiance en moi, de mieux gérer le stress. Mais là on avait une pression supplémentaire car on jouait la première finale de l’histoire de l’équipe de France.” Pression qu’elles ont parfaitement su gérer.
Ce titre pourra-t-il aider le roller hockey à sortir de l’anonymat ?
Le roller hockey n’étant pas (pour l’instant) une discipline olympique, les mondiaux représentent le graal pour les joueurs et joueuses, tous amateurs. “Ce sont nos JO à nous”, confirme la joueuses des Hawks, par ailleurs étudiante en 3e année à l’IFEPSA. “La Ministre des Sports a tweeté pour nous féliciter et on est même passé à Stade 2 (dans la rubrique “À part ça”), pour nous c’est énorme !”, se réjouit Pauline. Un coup de projecteur ponctuel mais espérons que ce titre contribue à médiatiser durablement une discipline spectaculaire, dans laquelle les équipes de France brillent sur la scène internationale depuis plusieurs années (les juniors sacrés en 2014 et les sénior hommes de Geoffroy Tijou en 2017, N.D.L.R.), mais encore trop rarement mise en avant.