Pauline Freslon : « J’apprends à écouter mon corps »
#Association - 03 février 2022
#Association. Pauline Freslon, notre lauréate Performance 2021-2022, a subi une opération chirurgicale le 8 décembre dernier. La kayakiste, qui a repris progressivement le sport et la pagaie mi-janvier, évoque cette période très particulière, une première pour elle… Interview.
Propos recueillis par Charles Dubré-Beduneau
Photos : Théo Bariller-Krine / Franck Potvin
Pauline, peux-tu nous expliquer pourquoi tu as décidé de te faire opérer le 8 décembre dernier ?
J’avais un lymphangiome kystique de 11 cm de long, 9 cm de large et 8 cm d’épaisseur, autant dire l’équivalent d’un melon, dans le ventre. C’est une déformation bénigne du système lymphatique, que j’avais remarquée pour la première fois l’été dernier et qui ne me faisait pas mal, mais elle prenait de plus en plus de place. J’ai vite fait le choix de l’opération pendant la trêve hivernale pour avoir le temps de récupérer et en croisant les doigts pour que ça n’impacte pas trop ma saison 2022, même si j’ai bien cru à un moment que j’allais la regarder passer depuis la rive. J’ai eu la chance d’être opérée un peu plus tôt que prévu grâce à l’aide de l’association et grâce au Dr Pitre. J’ai gagné énormément de temps.
Comment as-tu vécu les jours et les semaines après l’opération ?
Les premiers jours étaient vraiment durs psychologiquement car je n’avais plus aucune force, je pouvais marcher mais comme une mamie, rien porter… Un truc tout bête mais je ne pouvais pas aller promener mon chien (il fait 40 kg et il ne fait pas semblant quand il tire sur la laisse) ! En fait, je suis passée un peu par toutes les émotions : la déprime d’être privée de kayak et d’activité sportive en général, l’angoisse de ne pas savoir comment j’allais récupérer, et l’euphorie quand j’ai pu recommencer à marcher et courir, même si j’allais tout doucement au début ! Après un mois sans toucher une pagaie, il était temps pour ma santé mentale, celle de mon compagnon et celle de mon chien, que je retourne sur l’eau !
Faute de pouvoir faire de sport, tu as profité de cette période pour travailler sur le plan mental ?
Une démarche personnelle m’a fait découvrir le shiatsu, cela m’a aidée à être plus détendue avant et pendant l’opération. Je continue, ça m’aide à gérer mes émotions, à me relâcher et à me recentrer sur l’essentiel. J’ai commencé en parallèle un travail avec un préparateur mental. Grâce à la visualisation, j’essaie d’avoir un coup de pagaie plus technique et plus aérien, ce qui est essentiel pour la course en ligne. J’ai aussi testé l’optimisation visio-cognitive avec un casque de réalité virtuelle, pour améliorer mon temps de réaction et ma concentration sur ma ligne d’eau.
« J’apprends à être patiente… ce que je ne suis pas du tout ! »
Avec le recul, tu as donc réussi à tirer du positif de cette pause forcée ?
On peut dire ça, même si juste après l’opération je ne voyais que les mauvais côtés. Je récupère plus vite que prévu mais je voudrais que ça aille toujours plus vite. J’apprends à être patiente… ce que je ne suis pas du tout ! Je me dis que les moments d’angoisse que j’ai pu ressentir ces dernières semaines me permettront, j’espère, de mieux gérer le stress pendant les compétitions. Cette opération est quand même une bonne leçon dans le sens où je vais devoir faire attention à ne pas reprendre trop fort trop vite et je pense que ça va me pousser à être davantage attentive aux signaux que peut m’envoyer mon corps.
Quel est ton programme dans les prochaines semaines et tes ambitions pour cette saison restent-elles inchangées malgré cette opération ?
Même si je ne suis pas encore au meilleur de ma forme, je serai en stage avec l’équipe de France de course en ligne au Portugal en février, pour trois semaines. Je ne pourrais sans doute pas faire les séances d’intensité à 100%, du coup je mettrai l’accent sur le qualitatif plutôt que sur le quantitatif. Et passer du temps avec les meilleurs kayakistes français est toujours bon à prendre, j’ai hâte. Ensuite j’ai un stage en eau vive prévu en mars. Les sélections nationales n’ont lieu qu’en avril donc ça me laisse le temps de bien me préparer. Je veux rentrer en équipe de France de course en ligne pour faire mes armes dans cette discipline. Mon gros objectif reste les championnats du monde de descente de rivière, qui auront lieu à Treignac (Corrèze), là où j’ai remporté la coupe du monde l’année dernière, du 30 mai au 6 juin.