Stéphanie Pouvreau entraine au bien-être
#LesIndispensables - 12 janvier 2023
Psychologue de l’éducation nationale mais aussi préparatrice mentale auprès d’athlètes de haut niveau, au sein de l’équipe de France de tennis de table adapté notamment, Stéphanie Pouvreau s’attache au bien-être, un des déclencheurs de la performance. Rencontre.
Texte : Valentin Deudon
Photos : Franck Potvin
On aimerait tous pouvoir compter sur elle pour traverser la vie, ses petits obstacles et ses grandes peines. Se confier certains jours à son regard éclairé qui nous enseignerait les joies à venir. Entendre sa voix apaisante nous guider vers le mieux-être, l’écoute de nos émotions, une faculté à performer, chacun à notre échelle. Elle, c’est Stéphanie Pouvreau, une Angevine de 47 ans qui l’affirme d’emblée: «Le sport fait pleinement partie de ma vie». Car en plus d’occuper à mi-temps un poste de psychologue de l’éducation nationale, cette joueuse amateure de handball, son sport originel et passionnel, s’est lancé il y a 5 ans dans la préparation mentale d’athlètes de haut niveau. Après la validation d’un Diplôme Universitaire à l’UFR Staps de Clermont-Ferrand, elle a fondé sa société, Performentale. Et ce qui l’intéresse avant tout, c’est le bien-être de celles et ceux qu’elle accompagne.
«Ce qui me motive, c’est de les voir heureux. Je suis satisfaite quand un sportif me raconte un moment de compétition avec un sourire énorme ! Sa seule envie alors, c’est que ça recommence. C’est là que j’interviens, mon travail consistant à l’aider pour que la situation se reproduise le plus possible. Pour cela, il faut comprendre ce qui s’est passé, aller chercher le comment». Un des mots-clés de la préparation mentale, basée sur «l’ici et maintenant», autrement dit sur la démarche et la fixation d’objectifs opérationnels. «Je veux que l’athlète puisse déployer de façon autonome ses compétences dans le présent, en ayant interrogé le passé et envisagé l’avenir. En identifiant les critères internes ou externes qui ont engendré, ou pas, une performance, on parvient à conscientiser tout ça. Une gamme d’outils permet ensuite de reproduire des conditions propices à la mise en œuvre d’habiletés mentales, qui complètent les compétences physiques, techniques et tactiques», ajoute Stéphanie.
«La préparation mentale, c’est aussi de la connaissance de soi, elle agit globalement sur l’individu»
Désormais labellisée au sein de certains réseaux d’optimisation de la performance au haut niveau (via l’INSEP et le CREPS des Pays de la Loire) ou auprès de fédérations françaises (voile et rugby), notre indispensable du jour est amenée à accompagner des sportives et sportifs de diverses disciplines. Par exemple ? Imrane Mohammedi (à l’image), un escrimeur angevin passé par le SCO, Jules Robin, spécialiste du 1500m et étudiant à Sciences Po, une sportive licenciée à l’E2A, un triathlète adepte des Ironman, des pilotes automobile, ou encore une tenniswoman originaire du Mans. Cependant, certains refusent de révéler leur nom. C’est dire les freins, personnels ou liés à un contexte global, qui existent sur le coaching mental: «C’est un choix qui se respecte et la confidentialité est importante pour le lien de confiance. C’est aussi lié à des représentations qui persistent, ainsi qu’à des enjeux de renouvellement de contrat ou de mercato par exemple».
Il représente pourtant une force, une intelligence supplémentaire pour mieux performer… Et il serait dommage de s’en passer, ce que confirme la spécialiste: «Teddy Riner a très tôt évoqué sa psychologue et préparatrice mentale. Mais on sent encore cette connotation négative, certains ont peur qu’on les croit fragiles. Il reste du chemin». Egalement sollicitée pour des sensibilisations dans le cadre de formations d’entraîneurs ou par des écoles d’ingénieurs, Stéphanie Pouvreau travaille par ailleurs avec «des politiques, chefs d’entreprise ou artistes, dans la danse et le chant, qui sont des sportifs comme les autres avec leurs besoins spécifiques. Avec tous, mon objectif repose sur le bien-être, préalable à la performance. La préparation mentale, c’est aussi de la connaissance de soi, elle agit sur la manière d’être d’un individu car les habiletés identifiées et les outils utilisés deviennent une manière d’aborder des situations de vie de tous les jours».
Depuis mai 2022, un poste de psychologue de l’équipe de France de tennis de table adapté
Autre réalité présente dans le quotidien de celle qui habite aux Ponts-de-Cé: le handicap. «D’abord parce qu’avec mes filles nous avons souvent joué au hand-fauteuil pour compléter l’équipe quand il n’y avait pas assez de pratiquants dans notre club. Ensuite dans le cadre de mon travail en milieu scolaire, puisque j’interviens notamment sur l’inclusion des élèves en situation de handicap mental ou physique. Enfin parce que je suis depuis mai psychologue de l’équipe de France de tennis de table adapté». Le sport adapté, que #LaDalleAngevine accompagne via le projet de section football porté par l’association Espérance et La Croix Blanche (à l’image) concerne un public avec un handicap mental: «En tennis de table adapté, trois catégories existent en compétition: l’autisme, les déficiences cognitives et la trisomie 21. Sur le plan international, seules les deux premières sont représentées».
Dès lors, comment composer avec ces spécificités? «Je ne fais pas de distinction, l’objectif reste toujours d’aller chercher leurs ressources, leurs habiletés mentales. Ce qui change, c’est la porte d’entrée pour le faire. Tout est toujours individualisé et finalement, chaque athlète, valide ou pas, d’un sport individuel ou collectif, possède sa personnalité et sa culture auxquelles il faut s’adapter». Un nouveau poste en bleu-blanc-rouge qui occupera Stéphanie Pouvreau au moins jusqu’au prochain grand objectif: les Jeux de Paris en 2024. En attendant, elle se verrait bien démarrer un projet plus large au sein d’un club ou d’une structure: «Si je dois faire un vœu pour le futur, ce serait d’avoir l’opportunité de déployer sur le long terme un programme global sur plusieurs niveaux, pour toutes catégories d’âge, avec le concours des staffs, et des entraîneurs qui sont les premiers préparateurs mentaux des athlètes !»
Toutes les informations sur l’activité de psychologue et de préparatrice mentale de Stéphanie sont à retrouver en suivant les liens vers le site internet ou la page Facebook de sa structure : « Performentale ».