Ma Dalle Intime par Solenne Billouin
#MaDalleIntime - 19 juin 2023
10 questions, 10 sillons à creuser pour interroger en profondeur la manière de vivre le sport de nos athlètes locaux. Pour réveiller aussi leurs souvenirs, identifier les moments décisifs, partager leurs sources de motivation… Une dalle angevine, une dalle intime que nous confie notre lauréate 2022 Solenne Billouin, athlète multisports et atypique qui performe en cyclo-cross l’hiver et en cross-triathlon l’été, une discipline dans laquelle elle est championne du Monde en titre !
Texte : Alexis Rimbert
Photos : Franck Potvin
1- Un moment fondateur, décisif, qui a déclenché ton amour pour ton sport, le cross triathlon ?
Mes parents m’ont beaucoup poussée à pratiquer du sport, de la musique ou à m’intéresser aux choses en général. Et ils étaient eux aussi sportifs. J’ai grandi dans cet environnement familial qui était ouvert aux essais, à la découverte et aux expériences. Mais ce qui m’a vraiment fait démarrer ma carrière, paradoxalement, c’est mon titre de championne du monde XTERRA (à l’image) en octobre 2022. Le cross-triathlon est un «petit sport» donc il m’a fallu le titre le plus haut pour me dire que j’étais capable, et qu’il y avait un avenir possible pour moi dans ce sport
2- Pourquoi aimes-tu tant tes sports, qu’est-ce qui te plait en eux? Parle-nous de ton plaisir à les pratiquer.
Le fait que ce sont des sports en extérieur et peu prévisibles. On doit s’adapter au terrain, aux conditions climatiques… qui changent tout le temps en fonction des compétitions. C’est vraiment ce que j’aime parce qu’il y a une part de tactique et de concentration sur les courses, et puis des faits imprévisibles. Il faut tout travailler et être prêt à n’importe quoi le jour de l’épreuve.
3- Quel personnage de ton environnement proche a été fondamental dans ton éducation sportive ?
Ma mère m’a laissée faire ce dont j’avais envie. Après, le triathlon n’est pas un sport très structuré et on est parfois un peu seul. Plusieurs personnes m’ont aidée ou soutenue mais pas une en particulier. Je dirais que c’est plus moi et ma détermination, mon envie de faire du sport, de ne pas m’arrêter et d’être quand même compétitive.
4- Où et comment puises-tu ta motivation, comment tu la régénères dans les périodes difficiles ?
J’ai vécu pendant deux ans en van donc le fait d’être dans la nature, de changer d’environnement et de voyager, c’est ressourçant. Après ce qui me motive vraiment, c’est le fait d’agir et de me dire: «ce n’est qu’une mauvaise passe, tu as déjà fait de belles choses, et ça va revenir». Le fait de vraiment mettre un plan d’action et de me dire: «maintenant on en est à cette étape-là, qu’est-ce que tu peux faire pour changer ça ?» Ça m’évite de rester dans ces moments plus difficiles.
5- Un mal de ton sport (cross triathlon) que tu aimerais voir disparaitre, un espoir de changement pour son avenir ?
J’aimerais qu’il y ait plus de considération et d’argent dans notre sport. Je pense que le format XTERRA a énormément de potentiel. Mais pour l’instant, c’est très précaire. J’aimerais bien juste pouvoir me concentrer sur l’entraînement et ne pas avoir à faire toutes les recherches administratives, toute la structure, toute la logistique, la mécanique, etc. Pouvoir être une sportive à 100%, concentrée sur l’entraînement et la récupération, serait une énorme avancée pour moi dans mon quotidien.
Solenne en pleine nature sur la dernière épreuve de course à pied lors d'un récent cross-triathlon
6- Un ou une athlète de haut niveau actuel ou historique auquel tu aimes te référer, et pourquoi ?
J’aime bien les athlètes qui sont un peu à la fois nomades, aventuriers et qui font du haut niveau parce que c’est mon profil. C’est pourquoi j’aime bien suivre un couple canadien, Paula Findlay et Eric Lagerstrom. Ils voyagent en van et font tous les deux du triathlon. Je trouve que c’est inspirant parce que j’aime bien ce mode de vie où l’on peut être professionnel tout en gardant sa liberté et ce côté aventurier.
7- Une création autour de ton sport (série, film, docu, livre, BD, spectacle, œuvre…) qui t’a marquée ?
Je suis énormément d’athlètes variés dans plein de sports différents et j’écoute pas mal de podcasts. Ce sont des podcasts qui suivent un peu l’actu du sport dès qu’il y a une course, dès qu’il y a un événement majeur. Il en ressort des personnalités, je découvre des sportifs et d’autres façons de penser.
8- La dernière fois que tu as pleuré, de peine ou de joie, par le sport ? Peux-tu nous expliquer cette émotion.
Récemment lorsque j’étais en tête de la Coupe du monde et que j’ai crevé avec impossibilité de réparer. C’était beaucoup de déception, beaucoup de points perdus au classement, etc. Ce n’était pas facile d’être en plein dans l’effort et que tout s’arrête en quelques secondes.
9- Un autre sport passionnant, que tu aurais aimé pratiquer, que tu pratiques aussi peut-être ?
Je suis très attirée par le VTT pur et par le trail pur. Après, dans une autre vie, je m’orienterais plus vers un sport collectif, comme le handball ou quelque chose comme ça parce qu’il y a une structure. Donc oui, plutôt un sport d’équipe pour avoir une vision totalement différente du sport.
10- Un lieu important, un décor puissant dans ton histoire avec ton sport ?
La montagne en général. Le fait d’être au milieu de la nature et de pouvoir grâce au sport ou à l’activité physique arriver dans des endroits qui ne sont pas accessibles quotidiennement. Et puis les sensations que l’on peut avoir de dévaler les pentes, que ce soit à vélo ou à pied, découvrir des points de vue… Voilà ce que j’apprécie dans la montagne.
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